90 M$ pour les minéraux critiques et stratégiques

De 2020 à 2025, le gouvernement veut augmenter ses travaux géoscientifiques pour identifier de nouveaux gisements de MCS.

Le gouvernement québécois a rendu public le 2 novembre dernier son plan quinquennal pour développer une économie et une autonomie provinciale basée sur les minéraux critiques et stratégiques (MCS).

Ces MCS, ce sont, entre autres, le lithium, le graphite, le nickel, le vanadium et l’indium, vingt-deux minéraux essentiels à l’électrification des transports, au domaine médical et pour les appareils intelligents.

Le Plan québécois pour la valorisation des minéraux critiques et stratégiques 2020-2025 vise l’exploration, l’exploitation, la transformation et l’utilisation des MCS, et même leur recyclage.

Les 90 M$ nécessaires à la mise en oeuvre de ce plan ont déjà été annoncés dans le Plan budgétaire 2020-2021 de mars dernier.
31,6 M$ des 90 M$ sont destinés à accroitre les connaissances et l’expertise sur les MCS. Cette étape vise notamment à « réaliser l’une des plus grandes campagnes de caractérisation de notre territoire et à cartographier le potentiel du Québec en MCS ». Une grande partie du territoire reste à explorer, particulièrement le Nord et l’Est du Québec.

Cet argent vise aussi l’élaboration d’un réseau scientifique spécifique aux MCS; actuellement, les centres de recherches et les joueurs du secteur privé travaillent généralement de manière indépendante.

43 M$ seront consacrés à mettre en place ou optimiser des filières de façon intégrée en partenariat avec les régions productrices de MCS, à améliorer le soutien à l’exploration de base pour les MCS et à financer la recherche sur les batteries à électrolyte.
Cette partie du budget servira aussi à la mise en place d’infrastructures multiusagers afin de diminuer les couts d’exploration et d’exploitation pour les entreprises minières. Des pourparlers sont déjà engagés avec, entre autres, la Société de développement de la Baie-James et Hydro-Québec afin d’évaluer la possibilité de confier à la SDBJ un mandat d’exploitation des aérodromes d’Hydro-Québec à la Baie-James, qui en ferait des infrastructures multiusagers pour faciliter l’accès au territoire.

Économie durable

Enfin, 9,4 M$ seront investis dans la transition vers une économie durable. On parle ici de diminution et de valorisation des résidus miniers, de recyclage des MCS grâce à des appels de projets favorisant l’innovation.
Le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles sera mis à profit pour évaluer le potentiel des anciennes mines dont les résidus recèlent parfois des MCS.
À Havre-Saint-Pierre, on produit déjà de l’oxyde de scandium à partir de sous-produits générés par la production de dioxyde de titane. Rio Tinto expérimente actuellement un alliage aluminium-scandium.
Enfin, 6 M$ seront consacrés à attirer des investissements étrangers et à faire la promotion de la filière

Un écho favorable

Pour le directeur général de la Table jamésienne de concertation minière (TJCM), Régis Simard, « il s’agit d’une opportunité historique pour la région afin qu’elle atteigne un autre niveau dans son développement avec des usines de 2e transformation de calibre international ».
M. Simard fait observer que le territoire Eeyou Istchee Baie-James est particulièrement touché par le plan gouvernemental sur le MCS en raison de la présence sur son territoire de projets de lithium, de vanadium et de terres rares. Il ajoute que les projets d’infrastructures de transport reliés à l’entente entre le Québec et la nation crie s’arriment très bien avec cette vision de développement.
« Une condition importante au succès de la stratégie des MCS dans la région, précise-t-il, est que la 2e transformation se fasse selon une vision intégrée, par exemple une usine de transformation multiusagers. » Il rappelle en outre que cette seconde transformation doit se faire à proximité des ressources pour des raisons tant économiques qu’environnementales.

Un bémol des écologistes

Plusieurs groupes environnementaux ont réagi négativement à l’annonce du gouvernement, la réduisant à une filière pour les batteries et les véhicules électriques, dénonçant le manque de protection environnementale encadrant le Plan.
« Québec a besoin d’un électrochoc pour sa stratégie sur les batteries. Les ministres responsables continuent d’affirmer sur la place publique que les mines du Québec sont déjà « les plus vertes » au monde, alors que c’est tout simplement faux », scande le co-porte-parole à la Coalition Québec meilleure mine et coordonnateur du programme national à MiningWatch Canada, Ugo Lapointe.
Les organismes fustigent les propos du ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, qui a laissé entendre qu’aucune modification n’était nécessaire à la loi pour assujettir toute nouvelle mine à un examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement.

Cet organisme, ainsi que la Fondation David Suzuki, Équiterre et l’Action boréale considèrent que les mesures de réduction à la source et d’économie circulaire du Plan sont timorées. Ils demandent que la destruction de cours d’eau par des résidus miniers soit interdite, que la Loi sur les mines soit revue et que les critères d’application des territoires incompatibles avec l’activité minière soient élargis, tout en « s’assurant du respect des populations locales et des droits autochtones ».
Légende: De 2020 à 2025, le gouvernement veut augmenter ses travaux géoscientifiques pour identifier de nouveaux gisements de MCS.

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