Chibougamau, grande gaspilleuse d’eau

Chibougamau est une des villes qui consomment le plus d’eau au Québec.

Environ 1 300 litres d’eau par jour sont distribués pour chacun des 7 500 Chibougamois, alors que la moyenne québécoise s’élève à environ 395 litres par personne, a appris La Sentinelle dans un document officiel de la Ville de Chibougamau.

En 2012, seulement six villes québécoises distribuaient plus d’eau par habitant que Chibougamau, selon un rapport du ministère de l’Environnement et du Développement durable.

«Par habitant, c’est un des taux les plus élevés que j’ai vu au Québec», estime le professeur à l’École polytechnique de Montréal et titulaire d’une chaire de recherche en eau potable, Benoît Barbeau.

«La principale cause de la forte consommation d’eau à Chibougamau provient de la présence de purge en continu, communément appelée «by-pass», sur les services d’aqueducs des résidences», peut-on lire dans un courriel du service technique de la Ville.

Ces systèmes sont principalement installés sur les maisons mobiles, puisque celles-ci n’ont pas d’entrées de service assez profondes pour éviter le gel; ils permettent de laisser couler constamment de l’eau. La plus grande portion de la consommation s’effectue donc durant l’hiver.  

Certains vieux systèmes de climatisation toujours utilisés dans des bâtiments commerciaux sont également responsables du gaspillage. 

Cette consommation d’eau effrénée est aussi causée par des facteurs imprévisibles, comme les fuites d’eau du réseau provoquées par le gel ou les coups de bélier (qui résulte d’une brutale montée de pression). La Ville a toutefois observé moins de bris d’aqueduc en 2014 que lors de l’année précédente.

Les conséquences d’une telle consommation sont principalement économiques selon M. Barbeau. «Les couts variables du système d’eau augmentent plus on traite une grande quantité d’eau. On paie plus de produits chimiques, les égouts et le système de pompage travaillent plus, donc ça coute plus cher d’énergie.»

D’après l’expert, des économies entre 10 et 25 sous du mètre cube d’eau pourraient être réalisées si le système était changé. «Les travaux pour modifier les infrastructures sont très chers; il faudrait donc calculer si les travaux seront remboursés par les couts en énergie qu’on sauve en le changeant», souligne-t-il.

La professeure en génie civil à l’école Polytechnique de Montréal et experte en traitement de l’eau potable, Michèle Prévost, croit que ce gaspillage est un mal nécessaire. «Une municipalité de cette taille n’a pas souvent les moyens de changer toutes ses infrastructures qui traitent l’eau; ça coute trop cher comparativement à laisser couler plus d’eau.»

Pour améliorer la situation, la Ville prévoit mettre en place des compteurs d’eau pour l’ensemble des immeubles des secteurs commercial, institutionnel et municipal au cours des années 2016 et 2017. Elle compte aussi en installer sur environ 60 immeubles résidentiels, afin de prélever des échantillons de la consommation d’eau de la municipalité.

«Beaucoup de villes n’ont pas de compteurs d’eau», rappelle Mme Prévost. Selon un rapport de 2013 du ministère des Affaires municipales, 34 % des municipalités du Québec ont déjà installé des compteurs sur leurs bâtiments non résidentiels.

La Ville entend aussi prendre des mesures de sensibilisation, comme le remplacement de certains lavabos et toilettes dans ses édifices pour prévenir le gaspillage d’eau. 

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