Claims miniers : le gouvernement est en mode écoute

« Nous voulons décarboner notre économie et utiliser nos minéraux. C'est une belle opportunité pour le Québec. Mais il faut le faire correctement avec l'acceptabilité sociale », estime la ministre Maïté Blanchette Vézina.

Au cours des dernières semaines, l’augmentation d’acquisition de claims miniers dans le sud du Québec a fait énormément jaser. Le nombre de ces droits miniers est passé du simple au double entre 2021 et 2023 pour atteindre 302 000 en février. La ministre Maïté Blanchette Vézina, responsable du dossier, a entendu la population au point de prolonger les consultations sur l’activité minière qui a lieu en ce moment.

C’est principalement dans le sud de la province que les inquiétudes sont nombreuses au sujet des activités minières qui pourraient découler de l’achat de droits miniers. « Vous, au nord, vous êtes habitués au monde minier », a lancé la ministre des Ressources naturelles et des Forêts. Mais au sud, il y a beaucoup d’incompréhension et de méconnaissance selon elle.

Le souhait est de faire un développement plus harmonieux au niveau des mines. « Nous voulons décarboner notre économie et utiliser nos minéraux. C’est une belle opportunité pour le Québec. Mais il faut le faire correctement avec l’acceptabilité sociale. Les consultations permettent donc d’entendre les préoccupations des gens et nous sommes en mode solution, affirme la ministre. L’objectif, au bout du compte, rajoute Mme Blanchette-Vézina, c’est de pouvoir développer nos minéraux, de le faire avec des normes qui sont les meilleures en respectant tout le monde. »

Outil disponible

Dans les grandes préoccupations qui ont été notées lors du début des consultations, il y a le processus de délimitation des territoires incompatibles à l’activité minière pour les municipalités et l’octroi des claims. « Mais il faut pouvoir exploiter nos minéraux dans un contexte favorable », dit-elle.

Une des grandes craintes de plusieurs élus, entre autres, était de voir arriver sur leurs territoires des compagnies d’exploration minière qui auraient fait des trous partout. Mais la ministre nuance que cela ne peut se faire ainsi. « Les périmètres urbains sont déjà exclus. Il faut trouver une solution globale à la crainte des municipalités, mais je l’ai déjà mentionné que je ne décrocherais pas de moratoire sur le sujet. »
Elle encourage plutôt les villes qui veulent exclure des territoires à faire eux-mêmes l’exercice de délimitation des territoires incompatibles avec l’activité minière (TIAM). « L’idée, c’est de travailler avec elles [les villes] pour trouver et arrimer les orientations gouvernementales et leur donner les outils pour protéger le territoire qu’elles veulent exclure de l’activité minière », explique-t-elle.

De toute façon, la ministre n’a pas vraiment senti l’urgence de faire un moratoire, si ce n’est en provenance de certains partis d’opposition. De la part des fédérations et des villes, elle perçoit plus le désir d’avoir des outils pour faire des exclusions et de légiférer sur leur territoire si nécessaire. « Elles peuvent être sures que nous serons en mode proactif pour les aider et les accompagner dans leur démarche », précise-t-elle.

Côté positif

Pris sous un autre angle, il ne faut pas oublier que l’exploration minière et plus tard l’exploitation peuvent avoir un côté très positif sur l’économie d’une région, d’un territoire. « Nous le voyons, pour certains, l’activité minière peut être très importante. C’est une activité économique qui est intéressante », souligne la ministre. D’ailleurs, la Fédération québécoise des municipalités et l’Union des municipalités ne sont pas du tout contre le développement minier, au contraire. « Mais il faut que ça soit fait avec eux et avec leur consentement. Les consultations servent justement à entendre leur préoccupation », soutient-elle.

La ministre le voit : tout le monde a conscience que nous avons besoin du monde minier et de nos minéraux pour une transition énergétique, et même, dans notre quotidien. Il faut aussi sécuriser nos chaines d’approvisionnement. Elle est consciente que beaucoup de gens ont des idées préconçues datant des mines d’une autre époque; il y a beaucoup d’éducation à faire pour démystifier l’industrie.

Pour ce qui est de son collègue et député d’Ungava, Denis Lamothe, il est parfaitement au courant que le monde minier a du chemin à faire pour gagner la confiance du reste du Québec mais, dans son comté, les gens connaissent ce discours.

« La situation à la hausse du nombre de claims n’est pas un enjeu chez nous. La situation au nord est bien différente de celle des municipalités du sud. Les villes jamésiennes ont été fondées autour des exploitations minières et forestières. Les gens savent ce que sont les claims. Ils connaissent tous les processus d’exploration et de prospection qui précèdent l’ouverture d’une mine. Ils savent aussi que les nouvelles exploitations minières vont créer de nombreux emplois, directs et indirects », fait valoir le député d’Ungava, Denis Lamothe.

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