Construction en bois: l’avenir dans le préfabriqué?

L’avenir de l’industrie forestière et de l’industrie de la construction pourrait bien passer par les bâtiments préfabriqués.

C’est à tout le moins l’une des avenues privilégiées dans le projet de filière exportatrice de systèmes de construction verte présenté aux membres d’Épinex le 25 septembre par l’économiste Marc Vézina, Chef de l’équipe de soutien à l’industrie à la Société de l’habitation du Québec.

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Si elle se concrétise, cette filière viserait à repositionner l’industrie québécoise des bâtiments préfabriqués pour en faire un créneau exportateur à forte valeur ajoutée.

Un marché en croissance

Cette réflexion s’appuie sur plusieurs constats. D’abord, la reprise de la construction se confirme aux États-Unis. Toutefois, depuis 30 ans, l’industrie de la construction accuse un retard de productivité comparativement aux autres secteurs, ce qui se traduit par un problème de compétitivité. L’écart grandit entre les mises en chantier et les exportations canadiennes vers les États-Unis. Ensuite, le Québec exporte essentiellement dans un rayon de 500 à 600 km, soit dans le Nord-Est des États-Unis, alors que la croissance s’observe surtout dans l’Ouest et le Sud.

«Le marché du bâtiment préfabriqué est en croissance soutenue dans le monde depuis 2009. De plus en plus de sites de construction deviennent des sites d’assemblage de composants fabriqués en usine. Et le bois occupe la 2 place chez les matériaux privilégiés après l’acier. Dans un contexte de construction verte, où on limite l’empreinte carbone, le Québec est bien positionné», estime M. Vézina.

Vision 2030

Comment donc faire des gains en productivité et profiter des nouveaux marchés qui se développent dans l’Ouest et le Sud des États-Unis, mais aussi outremer comme en Asie où les besoins en habitation sont en croissance constante?

«Une des façons, c’est de favoriser la préfabrication en usine, industrialiser davantage la construction. Il faut positionner les entreprises québécoises comme chefs de file mondiaux dans ce secteur. Au lieu exporter 1 milliard de dollars par année en produits de base, on pourrait exporter 3 milliards de dollars de produits transformés à forte valeur ajoutée en 2030. Pour cela, il faut une stratégie concertée impliquant le gouvernement, les centres de recherche et l’industrie», précise Marc Vézina.

Enjeux et défis

Ce projet de filière s’inscrit aussi dans un contexte où il y a pénurie de gens qualifiés en construction. Une préfabrication incluant l’automatisation pourrait représenter une solution. Toutefois, les enjeux et les défis sont nombreux. L’industrie de la construction s’avère très conservatrice. Si on voit des innovations dans les matériaux, les méthodes de construction ont peu évolué en 50 ans. Et la filière propose un changement majeur, soit de convertir le processus de construction en processus manufacturier.

Parmi les défis en recherche et développement, on retrouve toute la notion du transport. En ce moment, au Québec, on transporte surtout des modules imposants par camion. «Il faudrait penser davantage conteneurs, soit des composants de 20 ou 40 pieds. Il faut repenser le design pour éviter de transporter de l’air. Pour l’empreinte carbone, un transport de 5000 km en bateau correspond à 200 km en camion», fait valoir Marc Vézina.

En visant les marchés à l’international, il faudra aussi simplifier et uniformiser les systèmes d’assemblage. «Il faut que ça soit simple à assembler ailleurs par les travailleurs là-bas. Il faut aussi des standards qui assureront que les composants s’assembleront qu’ils proviennent de l’Abitibi-Témiscamingue ou de l’Outaouais», explique M. Vézina.

Les étapes

Il reste toutefois des étapes à franchir avant que ce projet ne se concrétise réellement en filière. Une analyse stratégique est en cours et est presque terminée. Celle-ci déterminera les forces, les faiblesses, les opportunités, les menaces et fera des recommandations.

«Pour élaborer une stratégie, il y aura des chantiers de réflexion. Il faudra entériner des suggestions et se concerter. Tout ça avec les budgets et les programmes déjà existants. Il n’est pas question pour le moment d’injecter de nouvelles sommes», indique Marc Vézina.

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