CSN: Donald Rheault cèdera les commandes à son dauphin

Le monde du syndicalisme régional s’apprête à vivre un changement majeur, pour ne pas dire historique.

Si tout se déroule comme prévu aux élections du Conseil central CSN de l’Abitibi-Témiscamingue – Nord-du-Québec, dont le 22 congrès se tient cette semaine au Forestel de Val-d’Or, Donald Rheault va céder le poste de président, qu’il occupe depuis 10 ans, à son dauphin et vice-président Giacomo Bouchard.

Le coloré personnage demeure toutefois au sein de l’organisation puisqu’il en deviendra, en principe, le vice-président. Bref, un échange de fonctions pour faire place à la relève tout en restant près afin de seconder le nouveau capitaine du navire. «On parle de renouveau syndical et il faut laisser les jeunes prendre leur élan, a-t-il mentionné.

«Je souhaite partager mon expérience avec le nouveau président et je crois qu’on est rendus là; le timing est bon pour favoriser l’émergence de la relève. J’ai maintenant 55 ans, je veux prendre ma retraite à 60, et Giacomo se sent d’attaque après m’avoir remplacé durant huit mois, lors de mon arrêt de travail», a raconté M. Rheault.

«Pour le bien de l’organisation»

Militant depuis 30 ans, dont 25 au sein du Conseil central de la CSN, le vieux routier du syndicalisme signale que la décision de laisser la présidence n’a pas été trop difficile à prendre.

«Non, car on fait ça ainsi pour le bien de l’organisation, a-t-il affirmé. Au lieu de rester encore à la présidence pour ensuite laisser tout ça à Giacomo en partant à la retraite, on va assurer une bonne transition», a fait valoir M. Rheault, qui avait succédé à Angèle Bouchard à la présidence régionale de la CSN.

Mauvaise nouvelle pour certains politiciens et dirigeants d’entreprises, ils risquent d’avoir encore Donald Rheault dans les pattes au cours des prochaines années même s’il n’aura plus le titre de président. «Je vais m’occuper des dossiers de la syndicalisation et de la mobilisation. Disons que j’en ai fait pas mal!», a-t-il lancé en souriant.

Du crédit à Charest et Couillard!

De ses 10 ans à la présidence, M. Rheault retire une grande satisfaction pour certains aspects en particulier. «Je suis fier que notre organisation rejaillisse au niveau régional, notamment en santé et sécurité. Nous avons une bonne crédibilité. Ce n’est pas juste moi, mais toute l’organisation, a-t-il fait remarquer.

«Nous avons aussi développé une belle solidarité régionale, et là, il faut donner crédit à Jean Charest et aux libéraux, qui ont été pour nous de grands mobilisateurs! Philippe Couillard s’en tire très bien lui aussi d’ailleurs…, a ironisé le syndicaliste. Après la mort de la CRÉ (la Conférence régionale des élus), on est en train de repartir l’ancien CRDAT car les acteurs régionaux se sont levés debout pour faire contrepoids à l’austérité», a-t-il soutenu.

Sujets à débattre

Le 22 congrès du Conseil central de la CSN se déroule sous le thème «Nous, notre territoire, notre fierté!» Représentant 72 syndicats de la région et du Nord-du-Québec, les quelque 75 délégués sont appelés à débattre entre autres sur la lutte à l’austérité, la syndicalisation, la protection de l’environnement et le développement régional. «C’est lors de ce congrès que l’on détermine nos grandes orientations pour les trois prochaines années», a indiqué Donald Rheault.

Offensive syndicale

Donald Rheault entend mener une offensive de syndicalisation sur le territoire du Conseil central au cours des prochaines années. «Plus de 60% des travailleurs de la région ne sont pas syndiqués», a-t-il précisé. «Le secteur public est syndiqué mur à mur, mais le secteur privé est le parent pauvre avec un taux de syndicalisation de seulement 24%, a ajouté Jean Lacharité, deuxième vice-président national de la CSN. Le secteur minier est peu syndiqué, et si les patrons ont compris qu’il fallait verser de bons salaires, il y a de l’espace pour améliorer les conditions de santé et sécurité dans les mines», a affirmé M. Lacharité.

«Ça n’a pas de sens»

Jean Lacharité, deuxième vice-président national de la CSN, estime que le gouvernement devrait stimuler davantage les deuxième et troisième transformations dans la région. «Vous nourrissez les autres avec vos ressources, mais le gouvernement n’a pas de politique de développement manufacturier pour en faire profiter la région, a-t-il soutenu. Ça n’a pas de sens et on fait pression sur le gouvernement, qui a fraudé la dernière campagne électorale en se disant le gouvernement de l’économie alors qu’il est plutôt le gouvernement de l’austérité», a renchéri M. Lacharité.

 

 

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