Découverture ambulancière – « Nous avons frôlé la catastrophe »

Un panneau indique à la population lorsqu'il y a découverture sur le territoire.

Dans la période du 24 décembre au 4 janvier, le service ambulancier dans le secteur a fonctionné à seulement 50 %. C’est-à dire qu’il n’y a eu que deux véhicules pour couvrir Chibougamau, Chapais et le parc de Chibougamau alors que, en temps normal, il en faut quatre. Ce dossier des problèmes de couverture ambulancière dans la région et de manque de personnel ambulancier ne date pas d’hier.

Depuis plusieurs années, les paramédics, le milieu et la population revendiquent une meilleure couverture ambulancière. Mais, durant la période des fêtes, la région a frôlé la catastrophe selon le syndicat des paramédics Saguenay-Lac-Saint-Jean-Nord CSN.

C’est sérieux

C’est le cri d’alarme qu’a lancé le président du syndicat, Jean-Daniel Tremblay, à la fin de cette période qui heureusement n’a pas connu de graves évènements nécessitant plusieurs transports urgents en même temps. Le président affirme qu’il n’y avait plus d’ambulance dans la réserve faunique Ashuapmushuan et dans la ville de Chapais durant cette période. Autrement dit, une personne qui aurait eu une attaque cardiaque dans un des secteurs non couverts aurait attendu longtemps avant de recevoir les premiers soins et son transport vers un centre hospitalier.

Mettons le pire scénario en place : une ambulance doit effectuer un transfert d’urgence vers un centre hospitalier au sud. Donc un seul véhicule d’urgence reste disponible pour les urgences. Pendant ce transfert arrive une collision entre deux véhicules avec de multiples blessés dans la portion sud de Chapais. « Dans un scénario catastrophe comme celui-là, on peut parler d’heures avant que les patients soient secourus et aient les premiers soins. Ça ne tenait qu’à un fil. » M. Tremblay mentionne qu’il ne devrait jamais y avoir un manque d’ambulance. « C’est un service à la population direct. » Il s’explique mal le fait que l’entreprise ne soit pas pénalisée suite aux manques de service et que tous les efforts nécessaires ne soient pas déployés pour éviter les bris de service. Il faudrait refaire les horaires de travail pour les rendre plus attractifs. Il faut mettre des incitatifs financiers. Le gouvernement le fait pour les travailleurs de la santé, alors pourquoi pas pour les paramédics. Ils sont eux aussi des travailleurs de la santé.

« Depuis plusieurs années que nous faisons des sorties par rapport à ce problème, il n’y a eu aucune amélioration. Il y a encore des périodes où le service n’est pas complet. L’employeur et le ministère jouent avec le feu. »

Pompiers à la rescousse

Le manque de personnel était à ce point grave durant la période des fêtes qu’en plus d’avoir 2 ambulances hors service par manque de personnel, on n’arrivait pas à compléter les équipages de celles en service. C’est qu’en plus du manque de main-d’œuvre, la Covid-19 c’est invitée dans une équipe de paramédics qui ont dû se retirer du service momentanément.

Les autorités ont dû faire appel à des pompiers premiers répondants pour assister les paramédics. « Le ministère de la Santé et des Services sociaux a mis une solution temporaire en place, en comblant le manque de personnel, en faisant travailler des pompiers dans les ambulances », poursuit le président du syndicat. « Bien que ces remplaçants puissent être aidants, ils ne peuvent pas exercer l’ensemble des tâches et protocoles de soins, généralement effectués par les paramédics. »

L’argent n’est pas un problème

Interrogée sur la question, la présidente directrice générale de CRSSSBJ Nathalie Boisvert avoue que la situation est effectivement préoccupante. « Nous travaillons avec le ministère et la compagnie ambulancière pour trouver des pistes de solutions. » C’est difficile comme dans tous les secteurs de la santé de trouver des ressources humaines, particulièrement dans un service spécialisé comme les paramédics. Lors des périodes de manque d’ambulances, les autorités font tout en leur pouvoir pour ne pas faire de transferts extérieurs par voie terrestre et essaie d’utiliser le plus possible les services gouvernementaux aériens.

Mme Boisvert nous a mentionné que le problème en était vraiment un de ressources humaines et non pas de finance. « Ce n’est vraiment pas un problème financier. C’est un manque de personnel comme dans plusieurs départements du CRSSSBJ et de beaucoup d’entreprises au Québec. » Elle conclut en mentionnant que c’est un dossier qui demande du temps, particulièrement parce qu’il implique trois parties : le ministère, la compagnie ambulancière et le CRSSSBJ.

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