Des résidences étudiantes autochtones à Sept-Îles et Trois-Rivières

Le directeur du Conseil en éducation des Premières Nations, Denis Gros-Louis, est outré du manque de consultation du gouvernement québécois dans le dossier des résidences étudiantes autochtones. (Gracieuseté CEPN)

Le gouvernement québécois injectera 18,4M $ dans la construction de trois centres d’hébergement pour étudiants autochtones à Sept-Îles, Trois-Rivières et dans un lieu à déterminer ultérieurement.

La ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, a fait cette annonce le 26 novembre dernier, en compagnie du ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, et du président du Regroupement des centres d’amitié autochtones, Philippe Meilleur.

« Ça améliorera l’accessibilité [des Autochtones] aux études supérieures », de dire Mme McCann.

« C’est une réponse directe aux recommandations de la Commission Viens » affirme M. Lafrenière, ajoutant que l’investissement s’inscrit dans son plan J’ai espoir.

Une vocation éducative et familiale

À Sept-Îles, le centre d’hébergement sera construit sur le campus du cégep et contiendra 32 unités de logement; à Trois-Rivières, le centre sera près du cégep local et offrira 40 appartements.

Les travaux commenceront au printemps 2021 pour une ouverture à l’automne 2022. Aucun agenda n’a été révélé pour déterminer où sera construit le 3e centre, mais il devrait être fonctionnel au plus tard en 2025.

Selon une statistique du Regroupement des centres d’amitié, 75 % des étudiants autochtones au Cégep de Sept-Îles sont des femmes dans la fin de la vingtaine ayant des enfants. Leur profil est similaire à Trois-Rivières.

« C’est pour ça que les logements seront à 70 % des 4 et 1/2 et plus, explique Philippe Meilleur. […] Il y a aura des services pour les enfants, de l’accompagnement psychosocial, parental, des locaux communautaires. »

« Les architectes choisis pour concevoir les bâtiments ne sont pas autochtones, parce qu’il n’y a pas d’architectes autochtones au Québec », affirme M. Meilleur. Cette absence est selon lui symptomatique du manque d’accès des Autochtones aux études supérieures.

S’il y aura des rappels esthétiques de la culture de leurs destinataires dans l’architecture des bâtiments, c’est surtout dans « l’ergonomie de vie » que cette culture se manifestera. « Ce sont des logements étudiants familiaux pour préserver un milieu de vie collectif », souligne M. Meilleur. « Il faut penser des lieux spécifiques pour que les Autochtones puissent partager et s’entraider. […] Ce sera un carrefour de rencontres pour les Autochtones et les Allochtones. »

Le bras immobilier

Pour gérer les centres d’hébergement étudiants, le Regroupement des centres d’amitié autochtones a récemment créé une société immobilière. Celle-ci s’enrichit de l’expertise de ses membres qui ont fondé des lieux d’hébergement, par exemple à Val-d’Or. À Chibougamau, Jo-Ann Toulouse dit avoir appris beaucoup en s’impliquant dans la construction du centre d’amitié.

« Nous travaillons à définir nos limites, de dire M. Meilleur. Ça reste à voir comment nous allons nous structurer. Nous ne deviendrons pas une société acheteuse. Nous sommes en planification stratégique.»

Échos

« C’est une belle nouvelle, s’enthousiasme Jo-Ann Toulouse. Il n’y a pas si longtemps, il y avait un risque de perdre son identité autochtone en poursuivant ses études selon la loi. De voir qu’aujourd’hui, toutes sortes d’efforts sont mis pour encourager la poursuite pour le mieux-être des gens et qu’ils peuvent relever des défis et vivre leurs ambitions, c’est extraordinaire. […] La société au complet en bénéficie. »

Le directeur général du Conseil en éducation des Premières Nations, Denis Gros-Louis, dénonce le manque de consultation du gouvernement pour le choix des sites des centres d’hébergement.

Le Conseil en éducation représente 22 Premières Nations du Québec. M. Gros-Louis rappelle que l’Institution Kiuna est le seul collège développé par celles-ci, les Premières Nations.

« […] Nous avions mentionné à l’ancienne ministre des Affaires autochtones, Sylvie D’Amours, qu’un investissement ne devait pas contrecarrer notre institution », dit-il.  Si M. Gros-Louis concède que M. Lafrenière est nouvellement en poste, il affirme que son personnel aurait dû le mettre au courant du dossier.

Le directeur reproche en outre au gouvernement d’avoir confié ce dossier à un organisme inexpérimenté – le Regroupement des centres d’amitié autochtones. Autre point : « Les Attikameks ont créé le centre Opoho à Trois-Rivières. Ils ont déjà commencé un centre d’hébergement. Ils n’ont même pas été consultés ni financés. Je trouve ça un peu cavalier. Pour le 3e site, j’espère qu’ils vont nous consulter. »

 

 

 

 

 

 

 

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