ÉCHANGE SUR LA SANTÉ MENTALE AVEC MAXIME LANDRY

Grand vainqueur de l’édition 2009 de Star Académie, le chanteur Maxime Landry a toujours su toucher des cordes sensibles. Porte-voix naturel des sujets inconfortables qui doivent être mis en lumière, c’est sans hésiter qu’il a accepté de participer au Show du Zéphir, en édition virtuelle le 14 novembre prochain, au bénéfice de la sensibilisation pour une bonne santé mentale et la cause des personnes prises avec une problématique en santé mentale. Discussion franche et enrichissante avec cet artiste doté d’une grande lucidité.

Maxime, pour toi qu’est-ce que la santé mentale?

C’est quelque chose dont y faut prendre soin et on dirait que c’est la chose qui passe en dernier quand on dit qu’on s’écoute. On prend soin de notre santé physique mais, notre santé mentale, c’est celle qu’on néglige, qu’on laisse dans l’ombre, qu’on ne veut pas voir. Cette chose qui flotte au-dessus de nos têtes, ce petit nuage gris, je trouve qu’on ne l’écoute pas assez, malheureusement.

As-tu toi-même déjà souffert d’épisodes dépressifs ou d’anxiété?

Oui. En fait, de la fatigue physique intense qui m’a conduit jusqu’à la dépression. Je n’avais plus envie de voir personne, j’avais de la misère à m’exprimer, à mettre deux mots un en arrière de l’autre. Quand j’ai réalisé que je m’en allais dans le mur, ça m’a frappé et j’ai pris conscience que je ne devais pas me rendre là. Cette période de ma vie faisait suite au douloureux passage du suicide de mon père. Lui, il faisait une dépression majeure sans prendre soin de s’en occuper et de demander l’aide nécessaire, et ça a été pour moi un exemple tellement évident que ça m’a permis, fort heureusement, de reconnaitre les signes et de trouver mes repères avant qu’il ne soit trop tard. J’avais seulement 16 ans quand ce drame-là est arrivé et vois-tu, au début, je ne voulais pas en parler. Mais j’ai réalisé assez rapidement que ça pourrait aider d’autre monde, comme moi j’aurais aimé en entendre parler du suicide à l’époque où mon père a fait le sien.

Je sais qu’il y a des paroles de tes chansons dont l’écriture a été nourrie par des épisodes de déséquilibre. Est-ce que ça t’a fait du bien d’en parler dans une chanson?

La chanson Cache-cache est un bon exemple, évidemment! Cette chanson qui a été écrite sur l’histoire de mon père a été une thérapie pour moi depuis mes tout débuts. Je trouve que ça a son importance de parler de sujet comme ça dans une chanson ou un livre (NDLR : Maxime Landry a 4 romans à son actif à titre d’auteur) parce que ça ouvre la discussion et que ça libère des gens. Comme l’événement que vous faites sur la santé mentale a sans doute cet effet de pouvoir offrir une ouverture vers la discussion, le dévoilement, la guérison, etc. Quand tu mets tes histoires « sur la table », y’a un point de non-retour, tu sais que ça va faire du bien et, en même temps, ça te force toi-même à aborder ça par la suite. Si tu ne te commets pas, tu te donnes le droit de garder ça en dedans et ce n’est pas souhaitable. Si je n’avais pas eu Cache-cache, peut-être que j’aurais continué à ne pas parler du suicide de mon père et ça serait sans doute resté en moi comme un « motton » qui ne sort pas, ça n’aurait assurément pas été positif. Il faut sortir ce qu’on a en dedans, c’est important!

Est-ce qu’une personne en difficulté doit aller chercher de l’aide et est-ce que c’est facile à faire?
C’est important d’aller chercher de l’aide, c’est important de parler. Mais non, c’est sûr que ce n’est pas facile. Le plus difficile, je crois, c’est de s’autodiagnostiquer, c’est d’en arriver à cette simple conclusion : j’ai besoin d’aide! C’est rare qu’on entende les gens dire ça, c’est trop rare. Il faut arrêter de faire du déni et faire le premier pas qui est d’accepter la situation. Parce qu’à travers le processus de rétablissement on panse des blessures et c’est un parcours très positif.

Selon toi, comment faire pour être un proche aidant efficace?

Je pense que c’est d’essayer d’entendre ce que l’autre ne te dit pas, ce qu’il cache habilement, parce que c’est tabou. De réaliser que son comportement n’est pas « normal » et là surtout de ne pas t’en éloigner parce que tu ne le reconnais plus. Peut-être est-ce parce qu’il vit des difficultés et que c’est justement là qu’il a besoin de ses proches, encore plus.

Avec les années, les épreuves, qu’as-tu appris sur le cheminement vers une bonne santé mentale?

Plus on vieillit, plus on grandit, moins on prend les choses de façon personnelle. J’ai évolué dans cet esprit-là et ça m’a beaucoup aidé dans mon équilibre mental. Dans les dernières années, j’ai aussi appris à m’entourer de gens qui faisaient du bien à ma santé mentale. J’ai appris à m’écouter le plus possible, tout en sachant qu’on ne vit pas dans un monde de licorne et qu’il y a des choses qu’on va devoir faire qui, parfois, ne nous plaisent pas tant, mais il faut trouver et conserver un équilibre qui nous garde heureux. On est soi-même les mieux placés pour mettre les balises de notre bonheur en place, les mieux placés pour savoir si on est bien avec notre tête sur nos épaules!

Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui a des difficultés et qui les vit seul, qui vit de l’isolement, de la solitude?

Essaie de trouver des petites choses à « réparer » sur toi-même, parce que c’est souvent un paquet de petits problèmes que l’on a qui nous amène à avoir des difficultés plus grandes. Donc, prends les problèmes un par un, au cas par cas. Et même si tu penses que tout va bien, c’est important de faire de l’introspection, au cas où il y a des choses qui pourraient être améliorées avant que ça ne se dégrade… et particulièrement dans le contexte que l’on vit où y a des chances qu’on soit de plus en plus amenés à mettre de la « distanciation » entre nous. On est aussi bien de s’assurer d’être bien avec nous-mêmes!

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