Effondrement à la mine Westwood: un développement trop rapide?

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La volonté qu’Iamgold avait de développer le plus rapidement possible la mine Westwood serait à l’origine de l’effondrement rocheux dont le niveau 104 a été le théâtre en mai 2015.

Quatre causes

La CNESST a retenu quatre causes pour expliquer l’événement. D’abord, les plans et devis du développement du niveau 104 avaient été conçus avec des données géomécaniques et des études de faisabilité incomplètes.

«En voulant rentabiliser le plus rapidement possible ses investissements à la mine Westwood, Iamgold a développé le niveau 104 en extrapolant des données qui avaient été calculées pour un autre secteur, sans connaître la nature exacte du terrain. Or, ces données n’étaient pas adaptées au niveau 104, où la roche était d’une composition différente», a expliqué Sylvain Ferrante, inspecteur à la Direction régionale de la CNESST.

La nature de la roche est d’ailleurs une autre cause retenue par l’organisme. «Dans ce secteur de la mine, un massif de roche dure côtoie des roches schisteuses, qui ont tendance à s’effriter. Il y avait donc un écart important dans la capacité de la roche à soutenir les contraintes exercées lors du creusage des galeries et des dynamitages», a signalé M. Ferrante.

Ensuite, l’aménagement du niveau 104 a fait en sorte que les intersections de la rampe principale et de plusieurs sous-niveaux, dont deux à quatre directions, se superposaient, alors qu’un espace insuffisant les séparait. «Les contraintes se sont donc accumulées, ce qui a généré des points de faiblesse là où convergeaient les intersections», a indiqué l’inspecteur.

Enfin, l’excavation d’une galerie d’accès dans un des sous-niveaux a réduit la taille du pilier rocheux. «C’est l’élément déclencheur qui a augmenté les contraintes deux sous-niveaux plus bas et qui explique l’effondrement du 26 mai 2015», a souligné Sylvain Ferrante.

Constat d’infraction

Le rapport de la CNESST précise que les experts s’entendent pour dire qu’avec une expérience minière standard, il était impossible de prévoir un potentiel de rupture si inusité à cette profondeur et à cette période dans la vie de la mine. L’organisme a toutefois conclu qu’Iamgold a agi de manière à compromettre la sécurité de ses employés et a délivré à la société un constat d’infraction.

«Pour une première infraction, l’amende peut varier de 16 124 $ à 64 495 $. S’il s’agit d’une récidive, elle peut aller de 32 248 $ à 161 240 $», a précisé Ghislain Vallée, directeur de la santé et sécurité du travail à la Direction régionale de la CNESST.

«La CNESST se contredit elle-même!»

«Si nous acceptons certaines conclusions du rapport, nous en refusons plusieurs aspects», a déclaré Sylvain Lehoux, directeur général de la mine. Il s’attarde particulièrement au blâme qui a été imposé à Iamgold comme quoi la société aurait compromis la sécurité de ses employés.

«Là-dessus, la CNESST se contredit elle-même dans son rapport, a-t-il fait observer. Elle nous blâme, mais elle écrit en même temps que selon tous les experts auxquels nous avons fait appel à la suite de l’incident, y compris les siens, l’effondrement rocheux était un événement impossible à prévoir de quelque manière que ce soit. Et pourtant, ça n’a pas empêché la CNESST de nous imposer une amende.»

Selon M. Lehoux, cette conclusion est encore plus absurde si l’on considère le fait qu’à partir de l’effondrement rocheux survenu le 31 août 2013, la CNESST a collaboré de près avec Iamgold à toutes les étapes de réalisation du projet Westwood. «Si la CNESST affirme que nous avons compromis la sécurité de notre monde, eh bien, elle est dans le même bateau que nous», a-t-il fulminé.

Pas de développement prématuré

Le directeur de la mine Westwood ne comprend pas non plus sur quoi la CNESST s’appuie pour mentionner, dans son rapport, qu’Iamgold a décidé d’aller de l’avant avec le projet sans avoir complété toutes les études de faisabilité.

«C’est complètement faux, a-t-il lancé. Tout comme c’est faux de prétendre qu’il y a une pression pour pousser au maximum le développement de la mine. Au contraire, notre rythme au départ était même plus lent que la moyenne. Nous avons simplement réajusté nos objectifs pour atteindre un rythme similaire aux autres mines comme la nôtre.»

Des études en bonne et due forme

Sylvain Lehoux s’interroge également sur les motifs qui auraient pu amener les inspecteurs de la CNESST à déclarer que les études pour le niveau 104 étaient incomplètes et qu’Iamgold en avait extrapolé les travaux à partir d’une analyse réalisée pour un autre secteur de Westwood.

«Au début du projet, nous avons regardé les travaux qui avaient été réalisés aux mines Mouska, Doyon, Bousquet et LaRonde, étant donné que ce sont nos voisines immédiates et qu’on se disait que notre portrait risquait d’être semblable au leur. Mais quand le projet est passé à un stade avancé, c’est sûr que nous avons réalisé nos propres études», a-t-il expliqué.

Possible contestation

La direction de la mine Westwood dispose de 30 jours pour émettre ses commentaires à la CNESST. «Il est encore trop tôt pour dire si nous allons contester l’amende et les conclusions du rapport, a fait savoir M. Lehoux. Ce qui est certain, par contre, c’est que nous avons toujours pris toutes les mesures pour respecter les plus hauts standards de sécurité dans notre mine.»

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