Foresterie Abatteuses hybrides à l’essai

Marc Mimeau (Logset); Alain Paradis (Produits Forestiers Petit-Paris); Nancy Gélinas (Université Laval); Jean-François Samray (CIFQ); Maïté Blanchette Vézina (Ressources naturelles et des Forêts); Tapio Nikkanen (Logset); Nicolas Roy (L.N. Machinerie); Laurier Vaillancourt (L.N. Machinerie); Louis Vaillancourt (L.N. Machinerie Inc.).

Le gouvernement du Québec verse une subvention de 2,4 M$ au Conseil de l’industrie forestière du Québec pour tester l’impact d’abatteuses hybrides sur la réduction des gaz à effet de serre.

Les abatteuses servent à tronçonner et ébrancher des arbres. Les modèles hybrides comportent un moteur diésel et un moteur électrique autonome. Trois abatteuses du fabricant finlandais Logset seront achetées et testées dès juin lors d’opérations de récolte de bois au Saguenay, en Mauricie, dans la réserve faunique des Laurentides et le Centre-du-Québec.

Une première

« Ça sera une première au Canada », assure le président-directeur général du Conseil de l’industrie forestière (CIFQ), Jean-François Samray.
« Il y en a qui ont été utilisées en Nouvelle-Angleterre, mais sans protocole de suivi », indique le professeur Luc Lebel, un chercheur de la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique de l’Université Laval qui codirigera les tests. « Elles [les abatteuses] sont achetées par des particuliers qui voient dans un moteur hybride une façon de consommer moins de carburant et d’avoir un environnement de travail plus agréable pour les opérateurs, note M. Samray. Le projet du CIFQ avec Laval, c’est vraiment pour document la productivité, la consommation de carburant et la réduction de GES par mètre cube de bois, pour être capable de faire une démonstration scientifique hors de tout doute de la performance de la machine et par la suite, de pouvoir se présenter au programme de réduction de GES des gouvernements québécois et fédéral et offrir cette machinerie à l’ensemble des opérateurs. »

De l’Europe au Québec

Il y aurait une centaine d’abatteuses hybrides utilisées en Europe actuellement, selon le CIFQ, notamment dans les pays scandinaves et en Angleterre. Le climat y est moins froid qu’au Québec, il y a moins de neige, le terrain est plus plat et la sylviculture est pratiquée différemment. « Le manufacturier annonce des économies de carburant pouvant aller jusqu’à 40 %, rapporte le professeur Lebel. Dans les conditions du Québec, notre hypothèse est que la réduction sera plus modeste, soit entre 15 et 20 %. C’est précisément ce que nous tenterons de vérifier. »

Contrairement aux forêts québécoises, rapporte-t-il, les forêts européennes font l’effet de plusieurs éclaircies et les opérateurs n’ont pas la crainte de briser de jeunes tiges. « Pour couper un mètre cube de bois au Québec, on va couper 10 ou 12 arbres, eux vont en couper deux ou trois. La façon de travailler dans un peuplement forestier n’est pas la même. Est-ce que l’équipement sera affecté par ça? L’hypothèse que j’ai comme chercheur, c’est que la machine devra lever des charges moins lourdes. Les arbres sont plus collés les uns sur les autres, ils sont plus petits, plus courts et moins lourds. La technique de travail ne sera pas la même chose qu’en Europe. »

Un suivi rigoureux

L’équipe de l’Université Laval fera un suivi terrain de deux ans et il faudra encore une année supplémentaire pour finaliser les évaluations et le rapport, qui seront rendus publics en 2026.
Un rapport exhaustif comprendra une analyse de cycle de vie sur l’équipement, un bilan complet de tous les intrants et extrants, le bilan carbone de la fabrication de la machine, son utilisation et la gestion de sa fin de vie. « Il faut une documentation très rigoureuse, souligne Luc Lebel. Ensuite, on regarde la disponibilité des équipements, les conséquences, les avantages et inconvénients que ça peut induire chez l’entrepreneur forestier. Les couts de maintenance seront-ils similaires? […] Les entrepreneurs vont participer en remplissant un journal de bord sur les évènements de la maintenance. »

Le cout total du projet est de 7,2 M$. Des partenaires industriels contribueront pour 4 M$, tandis que les partenaires du Conseil de l’industrie forestière du Québec injecteront une somme de 800 000 $.

Dans un futur proche

Selon le professeur, il n’existe pas, pour l’instant, de modèle d’abatteuses purement électriques, mais le secteur du transport du bois est plus avancé. « On peut avoir l’espoir de voir dans nos forêts d’ici cinq ans du transport de billots avec des camions électriques. Je pense que c’est la prochaine étape », anticipe Luc Lebel

@LucLebel : Le professeur titulaire Luc Lebel, du Département des sciences du bois et de la forêt de l’Université Laval, codirigera la recherche. (Courtoisie Université Laval)

@CIFQAbatteuse :

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