Grande Alliance : début des travaux archéologiques

Les artefacts découverts lors des travaux archéologiques préludant à la Grande Alliance enrichiront les collections de l'Institut culturel Aanischaaukamikw à Oujé-Bougoumou.

Les archéologues du consortium de consultants Vision Eeyou Istchee ont commencé la recherche sur le terrain afin de valider leur modèle de données servant à identifier les zones à fort potentiel archéologique.

Ce travail, effectué dans le cadre de la Grande Alliance, a commencé à Waskaganish au début de septembre. Il se poursuit du 12 septembre au 21 septembre dans une zone de cinq kilomètres de chaque côté de la phase 1 du tracé potentiel du chemin de fer entre Matagami et la rivière Rupert. Une autre zone, de chaque côté de la deuxième route d’accès potentielle de Mistissini, doit être explorée du 26 septembre au 5 octobre.

Les recherches archéologiques sont obligatoires préalablement à tout projet d’infrastructures.

Des tests

Aucun artefact n’a été trouvé jusqu’à maintenant selon l’archéologue Dario Izaguirre, de l’Institut culturel cri Aanischaaukamikw, qui a participé à élaborer le modèle de données. L’homme a 40 ans d’expérience sur le terrain. « De toute façon, l’intervention de cette année n’est pas nécessairement pour trouver des sites, mais pour tester un modèle pour la recherche, précise-t-il. Il y a des zones qui sont à haut potentiel [archéologique] parce qu’elles sont dégagées, hautes, présentent de bonnes conditions pour le camping. Mais ça, tu ne peux pas nécessairement le voir sur la carte. »

Les fouilles proprement dites doivent commencer à la mi-septembre. Si des artefacts autochtones – outils, armes, etc.- sont trouvés, ils rejoindront les collections d’Aanischaaukamikw à Oujé-Bougoumou constituées, notamment, lors de la dérivation de la rivière Rupert et du projet Eastmain 1.

Beaucoup de sites à découvrir

Si Eeyou Istchee a fait l’effet de fouilles archéologiques pendant plusieurs décennies, il reste beaucoup de sites à découvrir, assure l’archéologue et directeur général de la Société d’histoire de la Baie-James (SHBJ), Francis Marcoux.

Comme Dario Izaguirre, avec qui il a travaillé, M. Marcoux a passé de nombreuses années à investiguer le terrain et vivre avec les Cris, œuvrant à temps plein pour le compte du gouvernement cri entre 2004 à 2018. « Déjà, en 1983, il y avait 3 000 sites, avance le directeur de la SHBJ, qui se qualifie d’ethno-archéologue. Actuellement, on parle de 8 000 à 10 000 sites déjà connus, mais […] on pourrait trouver des sites partout, partout où est-ce que t’as un ancien portage pour aller d’un lac à l’autre. […] »

Les sites archéologiques sont protégés par la Loi sur les biens culturels, note M. Izaguirre ; selon M. Marcoux, ils ne sont pas identifiés sur place, de crainte que quelqu’un n’aille y faire des fouilles sans autorisation ou s’emparer d’artefacts. « Il ne faut pas donner la position exacte, prévient Francis Marcoux. Ça ne veut pas dire que les gens ne peuvent pas y accéder et aller s’y baigner. »

6 000 ans d’occupation

Selon Francis Marcoux, l’archéologie prouve que les Cris occupent le territoire depuis au moins 6 000 ans. « Quand on dit 6 000, c’est conservateur », nuance-t-il, notant qu’on a retrouvé en Abitibi des pointes de flèches datant de 7 000 ans, dont le matériau provient d’une colline blanche près de Mistissini. Dario Izaguirre, qui a parcouru durant 40 ans la région, identifie d’ailleurs le nord du lac Mistassini comme un endroit particulièrement riche archéologiquement. « On a trouvé des sites de 5 700 ans le long de la rivière Eastmain, poursuit M. Marcoux. Moi-même, j’en ai trouvé un de 5 300 ans. »

Préservation partielle

Le sol du Nord-du-Québec est généralement très acide. « Ça n’aide pas à la préservation des outils faits en os et en bois, observe M. Izaguirre. On trouve surtout des objets en pierre ou faits en os mais calcinés, parce que les os calcinés perdent toute la partie organique et gardent juste le minéral. »
« On trouve des pointes de flèche, des haches en pierre polie […] confirme Francis Marcoux, mais pas beaucoup de sépultures [ou de] bois comme des fourchettes, des couteaux. Ça ne se conserve pas. […] On est quand même capable d’en dire beaucoup à partir des traces qui restent. »
Le conseil d’administration de la SHBJ n’a pas l’intention de s’engager en archéologie.

Visite en Jamésie

L’équipe d’étude de la Grande Alliance rencontrera les citoyens et organisations de Chibougamau et Lebel-sur-Quévillon, pour des présentations sur le processus de planification ainsi que sur les études de faisabilité de la phase I et de préfaisabilité des phases II/III. Elle sera à l’hôtel de ville de Chibougamau, le mardi 27 septembre à 18 h 30, et au Centre communautaire de Lebel-sur-Quévillon, le lendemain 28 septembre, à 18 h.

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