La COVID a amené son lot d’inconvénients

La pandémie de COVID-19 aura fait voir et découvrir des enseignants qui ont fait des pieds et des mains pour que leurs élèves soient le moins possible affectés par les évènements. Mais ils sont conscients que, malgré tous leurs efforts, il y aura des choses qui marqueront, des manières de faire qui ne seront plus jamais pareilles.

Pour le monde de l’enseignement professionnel, comme le Centre de formation professionnelle de la Baie-James (CFP), c’est la durée de la formation qui en aura inquiété plus d’un. Certains ont dû même abandonner leur formation. Yannick Denis qui est enseignant en mécanique d’engins de chantier a été témoin de l’angoisse de certains de ses étudiants. « Nos élèves n’ont pas toute la même réalité. Certains demeurent ici, n’ont pas vraiment d’obligation et ont tout le temps qu’ils veulent pour finir leur cours. Mais la réalité de certains étudiants est tout autre », conçoit l’enseignant du CFP.

Prenez l’étudiant qui a décidé de réorienter sa carrière. C’est quelqu’un qui a souvent une famille, des enfants, des obligations. Avant de commencer sa formation, il a budgété le temps de sa formation; la période sans revenu doit être déterminée. Mais la COVID s’invite dans sa formation. Les périodes sans possibilité de suivre les cours s’étirent et, rapidement, les ressources financières viennent à manquer. Certains ont dû retourner chez eux et même se trouver des emplois pour subvenir à leurs besoins.

Ariane Pépin-Laplante qui est enseignante à l’école Notre-Dame-du-Rosaire à Chibougamau s’est dite inquiète pour certains élèves. « Dans cette aventure que nous vivons, nous essayons de rester fortes, mais il y a aussi nos élèves pour qui on s’inquiète. Nos élèves pour qui on a peur qu’ils ne soient pas bien à la maison », confie-t-elle. Si on prend par exemple les jeunes qui ont des suivis avec la DPJ, par la psychologue de l’école ou par le psychoéducateur et qui, tout d’un coup, n’ont plus accès à ces services-là.

« Quand ça ne dure pas trop longtemps, c’est une chose, mais on le voit à plus long terme. Ça peut apporter son lot de problèmes plus graves, c’est une inquiétude. »

La réalité de Marie-Josée Dion qui enseigne le programme enrichi de mathématique pour les secondaires 4 et 5 est différente. Elle a la chance d’accompagner ses étudiants sur deux ans. Le lien établi avec les secondaires 5 est bon puisqu’ils sont là pour la deuxième année. Mais pour ce qui est de ses classes de 4e, elle a noté que la relation était plus difficile à établir que par le passé. « Le fait de jouer au yo-yo avec l’enseignement en présentiel et virtuel fait que le lien qu’on établit généralement avec les jeunes est moins fort. On dirait que nous sommes plus étrangers un peu », constate-t-elle.

Hormis le fait que la relation est plus difficile à établir, un autre phénomène a été remarqué par Mme Dion : ses étudiants étant plus vieux, elle a aussi noté le désintéressement de certains jeunes pour l’école vers le travail. « Nous en discutions avec des collègues, la période où les jeunes ont eu beaucoup de temps libre, plusieurs se sont trouvé des emplois. » L’enseignante a constaté que durant ces périodes d’arrêt, ils ont découvert qu’ils pouvaient se faire de l’argent en allant travailler. Cette tendance du début de la pandémie est encore présente aujourd’hui, plusieurs mois plus tard. Nous sommes deux ans plus tard et cette tendance est encore bien présente », s’aperçoit-elle. Dans la même lignée, elle poursuit : « Je le vois avec la clientèle, la tendance des derniers mois continue. Ils sont moins présents à l’aide pédagogique après l’école parce qu’ils travaillent. » Elle constate que de plus en plus de ses élèves ont moins de temps pour leurs études parce qu’ils passent beaucoup de temps au travail.

Madame Dion voit ce phénomène comme un effet négatif qu’a apporté la pandémie. « C’est vraiment négatif que nos élèves soient plus impliqués dans leur travail pour ramasser de l’argent plutôt que pour investir dans leur formation et améliorer leurs notes », fait-elle ressortir.

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