Laurent Lessard devient ministre des Transports

POLITIQUE. Laurent Lessard succède à Jacques Daoust à titre de ministre des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports.

Luc Blanchette, qui était ministre délégué aux Mines, prend également du galon en héritant du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs qui était jusque-là sous la responsabilité de M. Lessard.

Le premier ministre Philippe Couillard a été contraint de procéder, samedi matin, à son troisième remaniement ministériel depuis le début de l’année.

La veille, le ministre Daoust a annoncé qu’il quittait la vie politique après avoir été éclaboussé par de nouvelles révélations concernant la vente du quincaillier Rona à des intérêts américains.

En point de presse à Québec après l’assermentation des nouveaux ministres, M. Couillard a révélé avoir discuté vendredi avec M. Daoust. Les deux hommes ont convenu que la situation devenait intenable pour M. Daoust.

«On est arrivé à une situation où de toute évidence on faisait face à deux versions irréconciliables de la réalité», a expliqué le premier ministre, samedi, en rapportant la teneur de leur conversation.

«Il n’était pas question de laisser le travail du gouvernement être ralenti ou distrait par ce genre de controverse.»

En entrevue à TC Media Nouvelles, Laurent Lessard s’est dit heureux de cette marque de confiance de la part de Philippe Couillard. Il admet cependant qu’il aurait préféré que cette nomination arrive dans d’autres circonstances.

«Jacques Daoust était un collègue et j’ai apprécié travailler avec lui. Il m’a beaucoup aidé lors d’ententes avec des entreprises forestières. Il était de bon conseil. Ce qui lui arrive aujourd’hui, je trouve cela difficile, mais c’est ça la vie politique. Il demeure un ami.»

Un échange de courriels, daté de novembre 2014 et dévoilé par le réseau TVA, vendredi, indique que l’ex-chef de cabinet du ministre Daoust avait autorisé par un «OK» la vente par Investissement Québec de 11 millions d’actions de Rona au géant américain Lowe’s.

Or, M. Daoust a toujours assuré ne jamais avoir été mis au courant et ne jamais avoir approuvé la transaction.

Questionné à savoir s’il avait lui-même été informé de la vente imminente d’un fleuron québécois, qui s’est finalement concrétisée en février dernier, M. Couillard a maintenu avoir été tenu dans l’ignorance.

«Non, les informations que vous avez vues étaient nouvelles, littéralement, pour nous.»

Le dossier est maintenant clos, a-t-il martelé. La transaction a eu lieu et le conseil d’administration de Rona a donné son accord. «Mais clairement, l’information aurait pu mieux circuler», a-t-il reconnu.

M. Couillard dit ne pas s’opposer à ce que l’ex-chef de cabinet de M. Daoust, Pierre Ouellet, comparaisse devant la commission parlementaire qui doit se pencher dès jeudi sur la vente controversée de Rona.

«Je n’ai pas de problème avec ça», a-t-il affirmé, mais ce sera aux parlementaires de décider, a-t-il tempéré.

En mêlée de presse, le chef intérimaire du Parti québécois Sylvain Gaudreault a soutenu qu’il est «complètement inconcevable et inexcusable» que le premier ministre n’ait pas été informé.

«On continue dans cette lancée d’un premier ministre qui ne sait rien, qui ne dit rien, qui ne voit rien.»

M. Gaudreault dit vouloir savoir ce qui s’est passé entre le moment où le vice-président principal d’Investissement Québec, Jean-Jacques Carrier, a envoyé un courriel à M. Ouellet pour demander l’aval du gouvernement pour la vente d’actions et l’autorisation octroyée par ce dernier.

«Un chef de cabinet est redevable devant le bureau du premier ministre, alors forcément il est allé chercher l’accord du premier ministre», soutient-il.

«S’il n’y a pas eu cette chaîne de commandement, il y a un problème. Et s’il y a eu un accord du premier ministre, ça veut dire que contrairement à ce qu’il a toujours dit, M. Couillard a laissé vendre un joyau de l’envergure de Rona.»

Le leader parlementaire de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Bonnardel, est tout aussi cinglant à l’endroit de M. Couillard, affirmant que le gouvernement cache des informations aux Québécois.

«C’est impensable qu’on ait pris cette décision par un simple « OK » par courriel sans que le premier ministre lui-même n’ait été informé que la vente de Rona pouvait être imminente», lance-t-il en entrevue avec La Presse canadienne.

«On essaye de protéger soit le premier ministre ou son chef de cabinet, et c’est M. Daoust qui en a payé le prix», lâche-t-il.

M. Bonnardel demandera à nouveau, dès lundi, que Robert Dutton, l’ex-président et chef de la direction de Rona, Pierre Ouellet et Jacques Daoust témoignent devant la commission parlementaire. Une demande qui lui a été refusée en juin, rappelle-t-il.

Le leader de la CAQ ne croit d’ailleurs pas un instant M. Couillard lorsque celui-ci affirme qu’il ne s’opposera pas à ce que M. Ouellet soit entendu par les parlementaires. «C’est de la foutaise», dit-il.

La députée de Québec solidaire Manon Massé ne mâche pas non plus ses mots pour dénoncer l’opacité avec laquelle le gouvernement Couillard gère ce dossier.

«Si M. Couillard voulait vraiment la vérité et faisait preuve de transparence, il aurait appelé Pierre Ouellet dans les dernières 24 heures et lui aurait demandé qui a donné le OK à la vente», mentionne-t-elle.

Ajustement

En annonçant ce qu’il a appelé un «ajustement» de la composition de son cabinet, M. Couillard a tenu samedi matin à remercier Jacques Daoust pour sa contribution au développement économique du Québec.

Il a rappelé que M. Daoust a joué un rôle déterminant dans la conclusion de l’entente avec Bombardier qui a mené à l’injection de 1 milliard $ US de fonds publics dans le programme d’avions de la CSeries.

«Aujourd’hui et dans l’avenir, des milliers de familles québécoises doivent et devront leurs emplois en grande partie à ses efforts», a déclaré le premier ministre.

Malgré ces nouveaux changements dans la composition du conseil des ministres, M. Couillard assure que son gouvernement garde le cap. «Notre plan est clair: l’équilibre financier pour investir en éducation, en santé et dans la nouvelle économie.»

Le député de Lotbinière-Frontenac, Laurent Lessard, prend les rênes d’un ministère qui a été ébranlé plus tôt cette année par des allégations d’irrégularités formulées par l’ex-ministre Robert Poëti.

Manon Massé a d’ailleurs déploré que M. Poëti n’ait pas été réintégré dans ses fonctions pour faire «le ménage qu’il s’apprêtait à faire» avant d’être «mis sur une voie d’évitement par le premier ministre».

Conseil des ministres

-Philippe Couillard (Roberval): Premier ministre, ministre responsable des dossiers jeunesse et ministre responsable de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean;

-Lise Thériault (Anjou-Louis-Riel): Vice-première ministre, ministre responsable des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Allègement réglementaire et du Développement économique régional, ministre responsable de la Condition féminine et ministre responsable de la région de Lanaudière;

-Jean-Marc Fournier (Saint-Laurent): Ministre responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne et leader parlementaire du gouvernement;

-Stéphanie Vallée (Gatineau): Ministre de la Justice et ministre responsable de la région de l’Outaouais;

-Carlos J. Leitão (Robert-Baldwin): Ministre des Finances, ministre responsable de l’Administration gouvernementale et de la Révision permanente des programmes et président du Conseil du trésor;

-Pierre Moreau (Châteauguay): Ministre délégué aux Finances;

-Dominique Anglade (Saint-Henri-Sainte-Anne): Ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation et ministre responsable de la Stratégie numérique;

-Pierre Arcand (Mont-Royal): Ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, ministre responsable du Plan Nord et ministre responsable de la région de la Côte-Nord;

-Gaétan Barrette (La Pinière): Ministre de la Santé et des Services sociaux;

-Sébastien Proulx (Jean-Talon): Ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, ministre de la Famille et ministre responsable de la région de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine

-Hélène David (Outremont): Ministre responsable de l’Enseignement supérieur;

-Luc Fortin (Sherbrooke): ministre de la Culture et des Communications, ministre responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française et ministre responsable de la région de l’Estrie;

-Martin Coiteux (Nelligan): ministre des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire, ministre de la Sécurité publique et ministre responsable de la région de Montréal;

-François Blais (Charlesbourg): Ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale;

-Christine St?Pierre (Acadie): Ministre des Relations internationales et de la Francophonie et ministre responsable de la région des Laurentides;

-David Heurtel (Viau): Ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques;

-Laurent Lessard (Lotbinière-Frontenac): Ministre des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports, ministre responsable de la région du Centre-du-Québec;

-Pierre Paradis (Brome-Mississiquoi): Ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation;

-Kathleen Weil (Notre-Dame-de-Grâce): Ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion;

-Julie Boulet (Laviolette): Ministre du Tourisme et ministre responsable de la région de la Mauricie;

-Geoffrey Kelley (Jacques-Cartier): Ministre responsable des Affaires autochtones;

-Dominique Vien (Bellechasse): Ministre responsable du Travail, ministre responsable de la région de la Chaudière-Appalaches, leader parlementaire adjointe du gouvernement;

-Francine Charbonneau (Mille-Iles): Ministre responsable des Aînés et de la Lutte contre l’intimidation, ministre responsable de la région de Laval;

-Rita L.C. de Santis (Bourassa-Sauvé): Ministre responsable de l’Accès à l’information et de la Réforme des institutions démocratiques;

-Lucie Charlebois (Soulages): Ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse, à la Santé publique et aux Saines habitudes de vie et ministre responsable de la région de la Montérégie;

-Jean D’Amour (Rivière-du-Loup-Témiscouata): Ministre délégué aux Affaires maritimes et ministre responsable de la région du Bas-Saint-Laurent;

-Luc Blanchette (Rouyn-Noranda-Témiscamingue): Ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs et ministre responsable de la région de l’Abitibi-Témiscamingue et de la région du Nord-du-Québec;

-Stéphane Billette (Huntington): whip en chef du gouvernement;

-Nicole Ménard (Laporte): présidente du caucus du parti du gouvernement.

La Presse Canadienne, avec la collaboration de Jean-Hugo Savard – TC Media

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