Le CECC en tournée à Eeyou

Émilie Martin et Jean-François Tremblay, du Centre d'études collégiales à Chibougamau, en tournée dans Eeyou Istchee. (Courtoisie Émilie Martin)

Le Centre d’études collégiales à Chibougamau (CECC) a fait en novembre une tournée des classes de secondaire IV et V d’Eeyou Istchee pour faire la promotion de ses programmes en anglais. Émilie Martin, attachée d’administration et chargée de transition culturelle et linguistique, et Jean-François Tremblay, professeur en techniques du milieu naturel représentaient le CECC à cette occasion.

Initialement, la tournée était prévue en mars 2020. « Le jour de notre départ, M. Legault a annoncé la fermeture de toutes les écoles de la province », se rappelle Mme Martin.
Elle attendait avec impatience la reprise de l’activité qui les a menés, elle et M. Tremblay, à la rencontre de plus de 400 élèves.
Tous les deux avaient déjà appris des rudiments de cri qu’ils utilisent lors de leur présentation. « C’est minime, concède l’attachée d’administration, mais ça les fait rire et ça les surprend. Les jeunes sont souvent réservés, mais certains viennent nous voir après [la présentation] et disent qu’ils trouvent notre cégep intéressant. »
Mme Martin rapporte qu’ils sont vraiment touchés par l’importance apportée aux Cris. L’accueil des directions d’école et des conseillers en orientation aurait également été favorable. « Ils trouvent ça vraiment bien qu’on soit présents, confie-t-elle. Plusieurs découvrent que c’est possible de faire des études supérieures en anglais dans la région. »

Trois programmes

Dans Eeyou Istchee, le CECC fait la promotion de trois programmes en anglais. Le tremplin DEC, corpus des cours collégiaux obligatoires, a été lancé à l’automne 2020. Le programme de technique du milieu naturel devait s’ajouter l’an passé mais, en raison d’un nombre insuffisant d’inscriptions, il a été remis à l’automne 2022, en même temps que le nouveau programme technologie de gestion et de comptabilité.

La nation crie de Chisasibi et le Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue ont signé un protocole d’entente en 2019 pour faire un projet d’institution postsecondaire à Chisasibi. Ce projet et l’offre du CECC peuvent être complémentaires, selon Mme Martin.
L’attraction des Cris se fait très lentement. Ils sont actuellement moins de 10 au CECC. Il faudra attendre pour scruter les dividendes de la tournée dans Eeyou Istchee, qui a bénéficié d’entrevues radiophoniques, de présences sur les médias sociaux et d’une collaboration avec la Commission scolaire crie.

Pour mieux accueillir

D’ici là, grâce au soutien financier de différents subventionneurs, le CECC développe un cadre pédagogique et social favorable à l’attraction et à la rétention des Cris.
Une subvention de 150 00 $ provenant de l’Entente Canada-Québec relative à l’enseignement dans la langue de la minorité et à l’enseignement des langues secondes a notamment permis de développer l’apprentissage de l’anglais chez le personnel et la mise au point d’un projet pilote d’arrimage du français et anglais langue seconde. « Ça a bien fonctionné, assure la chargée de transition culturelle et linguistique. Les élèves se retrouvent ensemble. […] Ce qui est génial avec un cégep bilingue, c’est que ça donne un endroit propice à l’apprentissage des langues secondes, c’est un plus. »

Sécurisation culturelle

L’aide financière de la Société du Plan Nord (SPN) et du Secrétariat aux affaires autochtones ont davantage été axées sur le côté culturel que linguistique. « Ça permet la sécurisation culturelle pour les Cris et une sensibilisation aux réalités autochtones [pour les autres] », note Émilie Martin.
Dans cette optique, un artisan cri a donné un atelier de perlage et il y a eu une visite à l’Institut culturel cri d’Oujé-Bougoumou.
L’aide du SPN permet ce que le CECC appelle l’adaptation nordique de ses programmes de Technologie de gestion et de comptabilité et de Techniques en milieu naturel, c’est-à-dire des visites et des stages dans des entreprises jamésiennes et cries, des liens avec des acteurs locaux des domaines concernés.

Un local pour les Cris

Un service pour les étudiants autochtones a été créé et un local leur sera spécifiquement ouvert dès la fin de mars.
Une résidence étudiante augmenterait considérablement le pouvoir d’attraction. « C’est un projet et ça serait important, acquiesce Mme Martin. D’ici là, on s’assure d’offrir un support aux étudiants pour trouver du logement. On ne laisse pas les jeunes se débrouiller seuls. »

Légende: Émilie Martin et Jean-François Tremblay, du Centre d’études collégiales à Chibougamau, en tournée dans Eeyou Istchee. (Courtoisie Émilie Martin)

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