Le fédéral compte protéger deux aires marines dans la région

Voie vers 2025 – Zones marines dont la conservation est envisagée (Groupe CNW/Pêches et Océans Canada)

Des aires marines au large de Chisasibi et près des monts Torngatt, dans la circonscription fédérale d’Abitibi—Baie-James-Nunavik-Eeyou, font partie de la liste des 17 zones que le gouvernement fédéral entend protéger.

Joyce Murray, ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne, et Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique et ministre responsable de Parcs Canada, ont identifié les aires marines protégées (AMP) le 8 février dernier dans le cadre du cinquième Congrès international sur les aires marines protégées (IMPAC5). Le gouvernement fédéral a également dévoilé sa norme de protection des aires marines protégées pour 2023, qui clarifie la politique initiale datant de 2019.

Le Canada fait partie de la vingtaine de pays membres de l’Alliance mondiale pour les océans, qui entend conserver 25 % de ses océans d’ici 2025 et 30 % d’ici 2030.

Un chantier

Le lieu de la future aire marine protégée d’Eeyou Istchee n’a pas été identifié. « Nous avons signé un protocole d’entente avec le gouvernement fédéral en 2019, rappelle la grande cheffe des Cris, Mandy Gull-Masty. Ensuite un comité a été créé, mais il y a eu la COVID et ce n’était pas une priorité. On regarde pour une région de conservation du côté est de la Baie-James. »

L’AMP sera située quelque part entre Chisasibi et Waskaganish et devrait comprendre certains lieux ayant une importance traditionnelle et culturelle, des sites sensibles pour des mammifères marins, des poissons et des oiseaux. « Nous allons faire de notre mieux pour que ce soit connecté avec des aires terrestres protégées », explique la coordonnatrice des aires protégées et de la conservation du gouvernement de la nation crie, Chantal Tétreault.

Consultation et faisabilité

Pour Mme Gull-Masty, il faudra vraiment éliminer tous les risques de développement dans le secteur identifié, ce qui ne veut pas dire que les Cris n’y auront pas accès.
« La première étape est d’informer les gens de ce qu’est une aire de conservation, stipule Mandy Gull-Masty. Il faut avoir ce dialogue avec la communauté et comprendre leurs attentes, leur vision, parce qu’on veut leur contribution. Nous sommes à un stade très préliminaire. »

Christopher Beck, du gouvernement de la nation crie, a récemment été nommé en charge de la conservation des aires marines. Des analyses des différents modèles de conservation dirigée par des Autochtones au Canada seront faites; Mme Gull-Masty anticipe que l’étude de faisabilité sera conduite ensuite, à la fin de l’été, avec la participation de Parcs Canada.

Un territoire disputé

Éventuellement, une autre aire marine protégée pourrait être créée plus au nord d’Eeyou Istchee, en collaboration avec la Société Makivik, qui représente les intérêts des Inuits.
Les Inuits envisagent de créer une AMP dans les zones côtières et marines du nord du Labrador et adjacentes au parc national des Monts-Torngat, qui est à la frontière du Québec et de Terre-Neuve-et-Labrador. La région est l’objet de revendications territoriales de la part du Nunavik. Le gouvernement du Canada et le gouvernement du Nunatsiavut ont signé un protocole d’entente en 2022 en vue de l’évaluation de la faisabilité.

Les normes

Ottawa établit des distinctions entre les AMP établies avant et après le 25 avril 2019 dans ses normes de protection. Les critères pour les premières sont moins rigoureux. Par exemple, le fédéral y cherchera « l’abandon volontaire de tout permis d’exploitation pétrolière et gazière. De manière générale, la prospection ou l’exploitation de minéraux seront interdites, tout comme le rejet de déblais de dragage.

Prudence

« Le Bloc québécois est favorable à la création d’aires marines protégées pour ralentir et inverser le déclin de la diversité biologique, commente la députée bloquiste de la circonscription, Sylvie Bérubé. Comme ma collègue Monique Pauzé [porte-parole du Bloc en matière d’environnement], je pense que la barre est quand même haute pour le Canada, qui aime bien poser en tête de file pour la biodiversité. Mais la réalité est qu’il est loin d’être leader. Le bilan est mitigé. C’est important de protéger la nature, mais le Canada continue de se comporter comme un promoteur pétrolier. Il faut continuer d’être vigilant. »

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