Le vent souffle du bon côté

Matthew Mukash et le conseiller en énergie renouvelable Jimmy Royer sur le futur site d'une éolienne.

Le projet de construire deux éoliennes à Whapmagoostui-Kuujjuarapik semble avoir l’assentiment des communautés puisque aucune opposition ne s’est manifestée le 23 février dernier, lors de l’audience publique du Comité d’examen des répercussions sur l’environnement et le milieu social (Comex).

Le projet consiste à raccorder deux éoliennes produisant chacune 1,5 mégawatt à l’actuelle centrale au diésel d’Hydro-Québec. Ces éoliennes permettraient de diminuer de près de la moitié l’utilisation du diésel, soit l’équivalent de 4 000 tonnes de CO2 de moins par année, selon Jean Schiettekatte, vice-président énergie renouvelable de Yab Configurerment, la firme gestionnaire du projet.

Rapprochement peu commun, Inuits et Cris ont formé ensemble la Société d’énergie renouvelable Kuujjuarapik-Whapmagoostui qui vendra à Hydro-Québec l’électricité produite par les éoliennes. Le projet est évalué à 45 M$, un montant qui serait déjà sécurisé. Les retombées seraient de 24 M$ pour les communautés, répartis sur 25 ans.

Une alliance

Moins de 10 personnes ont participé en présentiel à la rencontre du 23 février à Whapmagoostui, qui avait lieu en mode hybride.
Cette faible participation a été soulignée par le maire de Kuujjuarapik, Anthony Ittoshat. « Il n’y a pas beaucoup de gens à cette réunion même si nous faisons une campagne constante, a-t-il dit. C’est un projet très important pour les Cris et les Inuits, nous l’appuyons complètement. Pour nous, c’est plus qu’un projet, c’est symbolique de la volonté des deux partis [Cris et Inuits] de travailler ensemble. Il faut souligner cela. »

Matthew Mukash, un ancien grand chef de la nation crie et président de la Société d’énergie renouvelable Kuujjuarapik-Whapmagoostui, a abondé dans le même sens que M. Ittoshat. « Comme le maire a dit, a affirmé M. Mukash, ce n’est pas un projet juste pour lui-même, mais pour une alliance. Si la Grande Alliance va de l’avant, il y aura des activités qui seront liées à la production d’électricité. C’est quelque chose qui pourra s’agrandir. »

Un référendum

Il répondait ainsi à une question sur l’expansion potentielle du projet, posée par l’avocat et négociateur Paul John Murdoch. Ce dernier a également souligné que, selon la section 4.1 de la Constitution crie, un référendum serait nécessaire pour que le projet aille de l’avant.
Les sites choisis pour les éoliennes sont au nord de la Grande rivière de la Baleine, sur des terres de catégories 1A. Cette exigence a été reconnue par M. Mukash.
Plusieurs questions portaient sur des aspects techniques du projet, comme la durée de vie des éoliennes, et sur l’identité des gestionnaires.

Un retard

La population a maintenant jusqu’au 23 mars pour soumettre commentaires, mémoires et questions. Le Comex n’a pas répondu à La Sentinelle sur le laps de temps qui lui serait nécessaire pour donner son assentiment. L’organisme se réunit le 22 mars, la centrale hybride de Kuujjuarapik-Whapmagoostui est à l’ordre du jour.

Interrogé quelques semaines après l’audience du COMEX du 23 février, M. Schiettekatte s’est dit satisfait du résultat et confiant dans la démarche. Aucune opposition ne s’est jusqu’à maintenant manifestée. Il a cependant déploré que la réunion, initialement prévue le 26 janvier ait été retardée.
« J’ai dit au Comex que chaque retard pouvait causer de l’inflation. Le prix est bon pour les éoliennes cette année mais, l’an prochain, je ne sais pas. »
Le Comex doit émettre une recommandation au ministre pour que celui-ci puisse émettre un permis. M. Schiettekatte anticipe que cette étape soit franchie au plus tard en avril prochain.

Prochaines étapes

Les négociations se poursuivent avec Hydro-Québec pour fixer les termes du contrat de vente d’énergie. « Hydro-Québec appuie le projet, assure le vice-président de Yab Configurerment; ça va bien. »

L’entente avec Hydro-Québec doit être déposée à la Régie de l’énergie pour l’obtention d’une autorisation, un processus dont le terme est évalué à six mois.

Le processus pour faire approuver un bail en fidéicommis de 25 ans pour la construction des éoliennes sur des terres de catégorie 1A est déjà débuté.
M. Schiettekatte estime que les travaux devraient commencer en 2023.
Légende: Matthew Mukash et le conseiller en énergie renouvelable Jimmy Royer sur le futur site d’une éolienne. (Yab Configurerment)

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