Les aires protégées loin des objectifs promis par le gouvernement Legault

La députée de Québec solidaire, Ruba Ghazal se demande s’il existe un terrain d’entente entre la protection des forêts et l’exploitation de celles-ci.

C’est ce qu’a soulevé l’auteur-compositeur et cinéaste Richard Desjardins qui est aussi vice-président de L’Action boréale et Henri Jacob, président de la même association, dans une lettre ouverte parue dans les médias au cours des derniers jours. Ils accusent le gouvernement de ne pas atteindre la cible fixée qui était de préserver 17 % de son territoire en aires protégées.

La lettre qui est très critique envers le gouvernement a d’ailleurs été reprise au bond et appuyée par la députée de Mercier, Ruba Ghazal de Québec solidaire. Elle accuse même le ministre des Forêts et responsable du Nord-du-Québec, Pierre Dufour, de nuire à l’atteinte des objectifs en utilisant son droit de véto et de faire du blocage à la création d’aires protégées au profit de l’industrie forestière.

« Je ne suis pas la seule à trouver que le ministre Dufour fait de l’objection. Il y a beaucoup de groupes environnementaux qui s’occupent justement d’aires protégées et qui dénoncent la situation et l’immobilisme du gouvernement qui nous empêchent d’atteindre nos objectifs », affirme Mme Ghazal.

Objectif 2030

L’objectif de créer 17% d’aires protégées pour janvier 2021 n’est visiblement pas atteignable, mais la députée de Mercier est confiante que le gouvernement pourra se rattraper.

L’échec de l’objectif n’est pas seulement attribuable au gouvernement en place, car il faut aussi pointer du doigt les gouvernements précédents comme celui des libéraux.

Mais tout n’est pas perdu puisque le ministre de l’Environnement actuel, Benoit Charrette, a déposé un projet de loi qui est à l’étude présentement pour créer des aires protégées avec des objectifs « post 2020 » qui devront être atteints en 2030. Projet de loi qui sera appuyé par Québec solidaire.

« Mais pour que ça fonctionne, va falloir que le premier ministre mette au pas son ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs pour qu’on puisse atteindre les objectifs », a lancé la députée Ghazal. Au dire de celle-ci, même avec toute la bonne volonté du ministre de l’Environnement qui veut créer des aires protégées, de l’autre côté, s’il est bloqué par le ministère de la Forêt et l’industrie, rien ne va plus.

Protection et exploitation

Est-ce possible de penser qu’il existe un terrain d’entente entre la protection de nos forêts et l’exploitation de celles-ci. « C’est tout à fait possible. Ça prend cependant de la volonté politique », allègue Ruba Ghazal.

Selon elle, il ne faut pas opposer aires protégées et forestières. Il y a des forestières qui ont de très bonnes pratiques, qui ont des certifications. Mais, dans une aire protégée, il n’y a pas de coupe de bois. Il est possible de créer d’autres statuts pour les secteurs qui accueillent des compagnies qui respectent l’environnement et qui ont de bonnes pratiques. C’est de plus à leurs avantages que d’obtenir des certifications de bonnes pratiques environnementales. « Plusieurs grandes compagnies ont perdu des contrats importants parce qu’elles n’avaient pas de bonnes pratiques », mentionne Mme Ghazal.

« Il faut lier l’environnement et l’industrie forestière. Il faut que ce soient des partenaires. Il faut continuer à créer de l’emploi, c’est important mais, quand il est question d’aires protégées pures, là il n’est pas question de coupes forestières dans ces zones-là. »

La demande n’est pas si exigeante que ça selon la députée « 17% de notre immense territoire, ce n’est rien. Il reste encore beaucoup de place pour l’industrie. » Là où il y a mésentente, c’est que plusieurs défenseurs de l’environnement ne veulent pas protéger 17% du territoire.  À ce niveau, le tout serait assez simple en déclarant le Grand-Nord comme tel. Le tour serait joué mais, selon plusieurs, il faut plutôt protéger 17% de chaque territoire québécois. Ce qui veut dire qu’on veut bien sûr protéger le Grand-Nord, mais aussi une partie des Appalaches, de la vallée du Saint-Laurent, des forêts de l’Abitibi et des Laurentides.

Dans sa lettre adressée aux médias, Richard Desjardins mentionne que le ministère de l’Environnement a perdu son combat contre le ministère de la Forêt et que c’est le temps que le premier ministre saute dans la mêlée pour mettre un peu d’ordre dans tout ça. « Que faut-il protéger, nous dit en terminant Mme Ghazal, nos forêts ou l’industrie? »

 

 

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