Les changements climatiques pas si bons que ça pour la forêt boréale

Les changements climatiques pourraient contraindre l’État québécois à revoir en profondeur l’ampleur des opérations forestières qui se déroulent dans la forêt boréale.

C’est la conclusion à laquelle est parvenue Sylvie Gauthier, chercheure scientifique à Ressources naturelles Canada, en compagnie de collègues de Finlande et d’Autriche. Ainsi, si la forêt boréale est toujours parvenue à composer avec des perturbations d’envergure provoquées par les insectes, les maladies et les incendies, les changements climatiques prévus d’ici 2100 pourraient réduire sa capacité à y faire face.

«Oui, la hausse des températures pourrait favoriser la croissance des arbres, mais rien ne garantit que les pluies seront de la partie. Si le climat est plus sec, la croissance pourrait être perturbée», a-t-elle mentionné.

Des feux plus nombreux et plus intenses

De plus, un assèchement du climat pourrait entraîner une hausse du régime des feux de forêt, et ce, autant en nombre qu’en intensité. «Si les arbres brûlent plus souvent et de manière plus intense, cela va nuire à la régénération, même pour des essences bien adaptées au feu comme le pin gris. On risque donc de se retrouver avec des forêts plus ouvertes au lieu de grands massifs fermés», a exposé Mme Gauthier.

Dans un tel contexte, les opérations forestières et les feux de forêt pourraient se retrouver en compétition dans certaines régions. À cela il faut ajouter un possible enfeuillement de la forêt boréale, alors que les essences feuillues seront appelées à migrer tranquillement vers le nord.

«Si on combine tous ces facteurs, les conséquences pourraient être dramatiques pour certaines essences au nord du 49 parallèle, en particulier l’épinette noire, a prévenu Sylvie Gauthier. Nous avons d’ailleurs plus d’indicatifs qui tendent à démontrer que la forêt boréale sera moins productive d’ici 2100 que l’inverse. Il faudra donc en tenir compte dans l’aménagement forestier.»

Pas que du négatif            

Le réchauffement du climat ne comporte toutefois pas que des aspects négatifs pour la forêt boréale québécoise.

«Nous avons constaté que dans des conditions modérées de feux, le peuplier faux-tremble peut agir comme un coupe-feu, en réduisant la propagation des flammes dans les forêts de résineux. Dans des forêts comme celles de l’Abitibi, où ce type de feuillu reste quand même bien présent, l’enfeuillement pourrait être un avantage», a expliqué Mme Gauthier.

Certains insectes ravageurs, parmi lesquels la tordeuse des bourgeons de l’épinette, pourraient également voir leur cycle de vie être perturbé, à l’avantage des arbres. «Il faudra toutefois veiller à ce que l’insecte ne change pas de régime alimentaire, comme cela peut parfois se voir», a nuancé la chercheure.

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