Les CPE s’inquiètent de leur avenir

Le gouvernement du Québec s’apprête à retrancher 120 millions $ dans le réseau des services de garde du Québec dès l’année prochaine. Les centres de la petite enfance (CPE) de la région sont très inquiets de leur avenir.

«On n’a pas pris le temps de calculer encore les pertes pour la région, mais elles représenteront environ 1000 $ pour chaque place au permis. Par exemple, un CPE qui accueille 60 enfants perdra 60 000 $. L’ensemble des CPE sera en difficultés financières à court terme, et d’autres risquent de ne pas survivre», rapporte Manon Barbe, présidente du Regroupement des centres de la petite enfance pour l’Abitibi-Témiscamingue et le Nord-du-Québec.

Annonces pour les CPE

En plus de la perte de 120 M $, qui s’ajoutent aux compressions de 74 M $ annuellement, le gouvernement demandera aux CPE une refonte complète du financement.

«On entend des choses sur cette refonte sans trop savoir. Par exemple, il y a une rumeur que nous devrons offrir les deux collations et un repas pour un montant moyen de 2 $ par enfant», fait remarquer Mme Barbe, qui est directrice du CPE Bambin et Câlin de Malartic.

Avec les diminutions de revenus, des postes devront être abolis ou offerts à temps partiel. «J’entends souvent dire de couper dans les postes administratifs, mais il y a des CPE en région qui ont juste une personne à l’administration, alors on coupe qui ? On a des paies à faire, des redditions de compte, des suivis avec des partenaires», explique Manon Barbe.

Le tiers performant

Le gouvernement du Québec a retenu le tiers des CPE qui réussissent mieux financièrement et demanderait à tous les CPE d’obtenir les mêmes résultats.

«S’ils sont performants, c’est que peut-être il y a une raison. Dans ce nombre, il y a les CPE en milieu de travail. Tous les employés ont le même horaire, alors ils ont moins de masse salariale que les autres», défend la présidente régionale.

Autre facteur à regarder, selon Mme Barbe, est si le CPE est syndiqué. «Nous avons 80 % de nos dépenses qui sont liées à la masse salariale. Mais les employés syndiqués, ils négocient leur salaire avec le gouvernement. On n’a aucune marge de manœuvre.»

 

Moyens de pression à venir

L’Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE) a lancé une  pétition pour demander au gouvernement d’annuler les compressions et demande de réinvestir dans les services de garde.

«Nous sommes à nous organiser, mais il est assuré qu’il y aura des moyens de pression. Si le gouvernement ne recule pas sur tout, il doit au moins enlever la notion du tiers plus performant. On ne baissera pas les bras», affirme Manon Barbe.

Vers la privatisation?

Les CPE dénoncent que les différentes actions du gouvernement laissent présager une privatisation des services de garde.

«Ce système coûte aux contribuables québécois 400 millions $ annuellement. Par contre, ils n’ont pas les mêmes exigences que les CPE, notamment en ce qui a trait à la reddition de compte et au personnel formé. Une garderie privée, c’est un propriétaire qui la possède et qui, probablement, veut faire des profits. Nous, on est gérés par des parents qui veulent avoir le meilleur pour leurs enfants», raconte Mme Barbe.

Ces milieux de garde reçoivent également différents enfants. «Les CPE accueillent 85 % des enfants avec des besoins particuliers», spécifie Manon Barbe.

Appui du Parti Québécois

Le député d’Abitibi-Ouest, François Gendron, à l’instar de différents députés du Parti Québécois, a dénoncé par voie de communiqué les coupes dans les CPE. «Ça m’afflige de voir que notre politique familiale, l’un de nos plus beaux fleurons, y goûte largement et sans trop d’analyse des conséquences durables pour l’une des tranches les plus importantes de notre nation, à savoir nos très jeunes enfants, qui représentent notre avenir», mentionne le doyen de l’Assemblée nationale.

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