Les Rangers veulent s’implanter à Oujé-Bougoumou, Mistissini et Waswanipi

Jayden Rabbitskin, Meeyobin Neeposh, Justin Rabbitskin, Pherson Wapachee, Rory Henry Felstea, Dion Cheezo, Harmony Jolly et le Sergent Alain Garnier lors d'une formation pour les Rangers juniors de Némaska, le 1er septembre dernier.

Interrompues par la crise sanitaire, les opérations d’implantation du corps de Rangers des Forces armées canadiennes dans l’intérieur des terres des communautés cries se poursuivront bientôt.

Rangers et Rangers juniors – qui vont de pair – sont déjà bien implantés dans les communautés côtières.
À Mistissini, le conseil de bande a déjà prononcé une résolution favorable, étape préalable à toute implantation d’une patrouille de Rangers, et des activités de recrutement ont eu lieu; cependant, le projet stagne en raison de la pandémie.

À Oujé-Bougoumou et Waswanipi, la création d’une patrouille est à un stade plus embryonnaire.

« Le plan est une visite de maintien de liaison auprès de ces trois communautés en novembre », explique le major Philippe Branco, commandant de la Compagnie de services du 2e Groupe de patrouilles des Rangers canadiens, responsable de la région du Nord-du-Québec. « C’est à confirmer car, avec la COVID, nous croyons qu’il serait mal avisé de poursuivre les efforts de recrutement (notamment des assemblées d’information au public). Nous regardons pour une ouverture de ces nouvelles patrouilles dans l’année fiscale 2022/2023 si la situation sanitaire est stable. »

La patrouille de Némaska

À Némaska, la patrouille de Rangers s’est formée à l’automne 2019 et compte 18 membres et sept demandes en attente. « C’est un travail à temps partiel afin de supporter la communauté de différentes façons », précise Clarence Jason Jolly, qui occupe généralement les fonctions de directeur de la sécurité et de la santé publiques, et qui a été élu sergent de la patrouille.

Les Rangers, selon les explications de M. Jolly, fournissent du support lorsqu’il y a un manque de personnel, par exemple pour le département des incendies. Depuis ses débuts, la patrouille a effectué deux missions de recherche de personnes disparues. « Ça a été deux missions réussies », assure Clarence Jason Jolly. « Cette patrouille va très bien, analyse le major Branco. C’est un bon succès. Les gens sont motivés. »

Comme les 700 Rangers du Québec, la patrouille de Némaska doit tenir un entrainement annuel (payé) de 12 jours, avec un instructeur venant du sud pour le maintien et le développement des compétences. À Némaska, le prochain entrainement annuel aura lieu en février 2022, dont une partie en classe et une partie dans la nature.

Les juniors

De manière générale, une des fonctions des Rangers est d’encadrer un corps de Rangers juniors âgés de 12 à 18 ans, ce qui est un peu l’équivalent des cadets du sud. « Le mentorat est très important, nous précise le major Branco, entre autres pour la transmission des compétences. » La formation des juniors inclut la pratique de saines aptitudes de vie (conditionnement physique, prévention du harcèlement, cuisine), le tir à la carabine à plomb, l’utilisation de cartes et d’une boussole, l’apprentissage de manœuvres de sécurité, par exemple pour récupérer un homme tombé dans un lac.

À Némaska, Sammy Matches et Joel George sont les Rangers qui supervisent la formation des juniors.
Le 1er septembre dernier, une quinzaine d’adolescents ont été initiés au géocaching et aux rations de nourriture militaire.
« Ils ont vraiment eu du plaisir à faire cette activité, assure Joel George. Des jeunes de 17 et 18 ans m’ont contacté pour faire partie du programme. » Le groupe cherche actuellement un espace intérieur pour faire du tir à la carabine à plomb. Chaque été, quelques 300 Rangers juniors sont invités à se déplacer dans le sud du Québec pour une semaine de formation où l’esprit d’équipe, le canot-camping et le conditionnement physique sont mis de l’avant.

Autochtonéité

Comme les régions éloignées constituent le terrain de prédilection des Rangers, les Autochtones y sont nombreux.
Étant donné, notamment, le rôle joué par le fédéral dans les pensionnats indiens, le major Branco appréhendait son contact avec les communautés autochtones, mais a constaté que les Forces armées ne sont pas associées à ce pan de l’histoire. « Ils ont fait de belles contributions lors de la Seconde Guerre, de la guerre de Corée et de conflits plus récents », commente le major. « Le corps des Rangers, ajoute-il, met le spotlight sur les compétences des Autochtones, qui sont souvent des trappeurs, des chasseurs. Ça leur permet de montrer qui ils sont et comment ils connaissent le terrain. On est toujours capable de rattacher notre mandat aux activités culturelles. »

De surcroit, les formations des Rangers contiennent un volet traditionnel, où un ainé partage sur l’artisanat, les légendes.
« Quand nous avons nos activités et nos opérations, dit Clarence Jason Jolly, nous avons toujours un utilisateur du territoire. Nous intégrons beaucoup notre culture dans notre pratique. »

Non réquisitionnables

La mission première des Rangers consiste à faire de l’observation, à prêter assistance aux forces de l’ordre lors de désastre naturels, à effectuer des missions de recherche et sauvetage. « Ils servent aussi à renforcer la présence fédérale sur le territoire et le lien avec des partenaires comme la Sureté du Québec et Hydro-Québec », explique Philippe Branco.
« Les Rangers ont l’équipement et le nombre pour être en première ligne. Ils ont la rapidité d’intervention et ils possèdent leur propre motoneige. » Les Rangers ne peuvent pas être réquisitionnés pour des combats. Joel George a dû donner cette précision à des ainés auxquels il avait demandé de participer à une formation et qui étaient inquiets par cette possibilité. Les Rangers ont les mêmes bénéfices, obligations et rémunérations que la 1ère réserve. Selon le major Branco, le pourcentage de femmes y dépasserait celui des force régulières, qui est de 15,8 %.

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