Les recherches sont lancées

Les recherches sont lancées

Après un long processus de consultation, la Première Nation de Chisasibi initie des recherches pour retrouver les dépouilles d’anciens élèves aux pensionnats anglican et catholique de Fort George.

Les présomptions que des corps d’enfants auraient été enterrés sur les sites des pensionnats sur l’ile face à Chisasibi sont basées sur des témoignages d’ainés et de survivants de ces pensionnats, précise la cheffe de la Première Nation de Chisasibi, Daisy House.

« Il y avait des activités louches, résume la cheffe House. Il y avait des champs et des endroits dans les écoles où les élèves n’avaient pas le droit d’aller et certains élèves y étaient. »

Des documents trouvés par une ancienne pensionnaire, Janie Pachano, vont aussi dans cette direction, indique la cheffe House

Selon une documentation du Centre national pour la vérité et la réconciliation (CNVR) citée par le département législatif de la Première Nation de Chisasibi, au moins dix enfants seraient morts au pensionnat St. Philip (anglican) et six au pensionnat Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus (catholique). D’après d’autres documents, il y en aurait plus et des photos aériennes du cimetière Eastside montrent des sépultures.

Archives

Les différents leaderships autochtones ont depuis longtemps souligné l’importance que les églises ouvrent leurs archives pour mieux documenter les traitements des Autochtones dans les pensionnats et la localisation de sites de dépouilles. Les congrégations ont ouvert leurs archives, mais pas suffisamment au gré des Premières Nations.

Durant la conférence de presse annonçant la décision de la Première Nation de procéder à des fouilles, le 21 juin dernier, une demande a été faite publiquement aux églises catholique et anglicane de coopérer plus pleinement aux demandes d’accès à leurs archives. « Ce sont les anciens élèves qui ont fait cette demande, avec le support du Conseil de bande de Chisasibi », précise Daisy House, ajoutant que la demande sera réitérée directement aux instances religieuses. « J’espère que notre message est clair aujourd’hui, insiste la cheffe de Chisasibi. Assez, c’est assez. » Elle souhaite faire part de ce problème au pape lors de sa venue au Québec.

Récapitulatif

Le pensionnat Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus a été ouvert de 1930 (ou 1937, selon les sources) à 1981 et a successivement été dirigé par les Oblats, les Soeurs Grises de la Croix et la Commission scolaire crie. Il a compté jusqu’à 100 élèves à la fois, qui provenaient d’Eeyou Istchee mais aussi du Lac-Saint-Jean et du nord de l’Ontario.

Le pensionnat St. Philip (aussi appelé Fort George Church of England) a été en opération de 1933 à 1975. À cause de sa localisation éloignée, l’accès à la nourriture et à l’eau fraiche était problématique et, malgré sa reconstruction au milieu des années 50, selon le CNVR, le bâtiment était surpeuplé et dans un état pitoyable. En 1969, le gouvernement fédéral a pris en main les opérations de l’école.
À Fort George, note la cheffe de Chisasibi, on retrouvait, outre les Cris, des pensionnaires innus, inuits et attikameks. Quant aux Cris, ajoute Mme House, ils ont aussi été dans des pensionnats indiens à Amos, La Tuque, Rouyn-Noranda, Brantford (Ontario).

Sur plusieurs sites

Les recherches pour retrouver des dépouilles doivent être menées sur les différents sites qu’ont pu occuper les écoles au fil des évènements – reconstructions, incendie -, mais aussi sur les sites des dortoirs et des cimetières. Les terrains ont été laissés à l’abandon, notamment en raison de la relocalisation des Cris à Chisasibi en 1979 à cause des barrages sur la Grande Rivière, ce qui rendra les recherches plus difficiles.
« Nous sommes au courant de certains cimetières et certaines tombes, affirme Mme House dans un communiqué, mais il y aura plusieurs défis particuliers dans cette recherche […] »
Des recherches par radar à pénétration de sol succéderont à celles avec le lidar.
« Ça va durer environ deux à trois ans », anticipe la cheffe House.
La communauté, les survivants et leur famille décideront ce qui doit être fait avec d’éventuelles dépouilles et les sites où elles seront trouvées.
« On va certainement faire quelque chose avec les sites » suppute Mme House.
Lors des consultations précédant la décision, des survivant ont mentionné que visiter les sites d’inhumation pourrait apporter de la paix aux familles éprouvées.

Solidarité

Sur Twitter, le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, a écrit qu’il supporte la décision de mener des fouilles. Il a rappelé qu’il a nommé un facilitateur pour accompagner les communautés dans leurs démarches avec le gouvernement fédéral.
La grande cheffe d’Eeyou Istchee, Mandy Gull-Masty, a déclaré que la nation crie soutenait Chisasibi.
Le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, a également exprimé sa solidarité et rappelé l’importance que les congrégations religieuses ouvrent leurs archives.

La grande cheffe du gouvernement de la nation crie, Mandy Gull-Masty, les ainés Clara Napash, Roderick Pachano, Janie Pachano, ainsi que la cheffe de Chisasibi, Daisy House. (Première Nation de Chisasibi)

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