Mandy Gull-Masty succède à Abel Bosum

Mandy Gull-Masty est la première grande cheffe de l'histoire d'Eeyou Istchee, Le nouveau chef adjoint, Norman A. Wapachee considère que leur vision s'harmonise en termes de gouvernance, d'environnement, de renforcement de la langue et de la culture cries.

Poursuivant la vague actuelle d’accession de femmes autochtones à des postes importants, Mandy Gull-Masty est devenue, le 29 juillet dernier, grande cheffe du Grand Conseil des Cris.

C’est la première fois de l’histoire qu’une femme occupe ce poste. L’ancienne cheffe adjointe a été élue pour quatre ans.
« Chaque personne qui a décidé de voter pour moi a parlé de ma formation, de mes actions au Conseil […]; mon genre était secondaire », a néanmoins écrit Mme Gull-Masty sur Facebook. « Oui, plusieurs étaient contents de voir une femme se présenter, notant que son élection serait historique, mais ce n’était pas la motivation de leur support. »

Originaire de Waswanipi, la nouvelle grande cheffe des Cris a, par le passé, beaucoup œuvré dans le domaine économique, la création d’entreprises et les négociations avec les minières.

Abandon d’Abel Bosum

Un second tour pour départager les candidats a été rendu nécessaire parce que, en vertu de l’article 26 de la Loi sur le gouvernement cri, les candidats au poste de grand chef et de chef adjoint doivent recevoir un minimum de 50 %+ 1 du suffrage exprimé. Si ce seuil n’est pas atteint, un second tour doit opposer les deux candidats ayant reçu le plus grand nombre de votes.
C’est la chef adjointe Mandy Gull-Masty (46,5 %) qui avait récolté le plus grand pourcentage des 4 654 votes lors des élections du 14 juillet, suivie par le grand chef sortant, Abel Bosum, (29,5 %) et Pakesso Mukash (24 %).
Cependant, M. Bosum s’est désisté du second tour. Lors de celui-ci, Mme Gull-Masty a obtenu 64 % des voix alors que Pakesso Mukash, traducteur, musicien et journaliste, a eu les faveurs de 36 % des électeurs.

À CBC North, M. Bosum a déclaré qu’il ne voulait pas diviser la nation crie et qu’il était clair pour lui que Mandy Gull-Masty est le choix de celle-ci. « Ça a toujours été mon opinion que l’unité est le plus grand atout de la nation crie », a écrit sur Facebook M. Bosum au lendemain du vote. « Il y a simplement trop d’enjeux pour que je poursuive une ambition personnelle qui mettrait cette unité en danger. J’ai vu trop souvent des processus électoraux prolongés créer des animosités et des conflits […] C’est toujours un défi d’accepter le résultat d’une élection qui ne s’est pas passée de la façon dont on l’espérait. Mais je le fais avec la paix dans mon cœur et avec la foi que la force de la gouvernance de notre nation soutiendra la transition que nous allons bientôt expérimenter. »

Norman A Wapachee, chef adjoint

Un second tour a également été nécessaire pour départager les candidats au poste de chef adjoint. C’est le directeur aux ressources naturelles à Oujé-Bougoumou, Norman A. Wapachee, qui a été élu avec 59 % des votes face au directeur adjoint à la protection de la jeunesse du gouvernement cri, Ashley Iserhoff (41 %).
Le travail a déjà commencé pour M. Wapachee, qui abandonnera ses fonctions à Oujé-Bougoumou.
Lui et Mme Gull-Masty ont rencontré les représentants de l’Association des trappeurs cris, les responsables du domaine de la santé pour une mise à jour sur la COVID et les fonctionnaires seniors du gouvernement pour les questions de développement économique et d’environnement. Une tournée des communautés se poursuivra dans les prochains jours.

Une vision commune

Norman A. Wapachee se dit en parfaite harmonie avec le programme électoral de Mme Masty-Gull axé sur la gouvernance, la protection du territoire, les investissements dans la langue et la culture, et une économie moins axée sur l’extraction des ressources.
« Elle et moi pensons que nous allons être une bonne équipe, témoigne Norman A. Wapachee, qui s’est assis pour la première fois avec la grande cheffe le 3 aout dernier. Tous les deux, notre campagne était axée sur la gouvernance. Nous voulons des changements. […] Nous avons reçu le même message des communautés. Il y a une déconnexion entre elles et le gouvernement. Elles veulent voir le chef et le chef adjoint plus présents dans les communautés. […] Elles veulent connaitre leur gouvernement. Elles veulent plus de transparence, un peu plus d’implication dans ce que leur gouvernement fait, une meilleure compréhension des dossiers majeurs avant qu’ils ne soient signés. »

Environnement et économie

M. Wapachee se dit également au diapason avec la grande cheffe concernant la question de l’environnement. « Nous ne sommes pas contre le développement, explique-t-il, mais nous voulons nous assurer que tout développement de ressource dans le territoire cri soit compatible avec la manière crie de vivre. »
Il n’a pas encore eu l’opportunité d’aborder la question de la Grande Alliance avec Mme Gull-Masty, mais il souhaite qu’une plus grande partie du territoire soit protégée afin que les jeunes aient l’opportunité de pêcher et de chasser dans le futur.
Parallèlement, le chef adjoint favorise un plus grand rôle du gouvernement cri dans le développement et la gestion du territoire traditionnel, et donc de faire partie intégrante du développement économique, de la foresterie, etc.

Éducation

Pour Norman A. Wapachee, l’éducation est la clé du renforcement de la nation crie. Lui-même dit qu’il a fait des études postsecondaires en loi autochtone et possède un diplôme en études autochtones et en politique. « Je pense que Mandy est très éduquée aussi », dit-il.
« Il faut trouver une façon de ramener les jeunes Cris qui vont étudier dans le sud, avance-t-il. Ils ne veulent pas revenir parce qu’ils ne veulent pas retourner vivre chez leurs parents. Et il y a des jeunes qui ont des appartements qui sont intéressés à aller étudier dans le sud, mais qui ont peur de ne plus avoir d’appartement quand ils reviendront. »
M. Wapachee mentionne l’intérêt du Centre d’études collégiales de Chibougamau tout en considérant la pertinence d’avoir une institution d’éducation postsecondaire dans Eeyou Istchee.

Langue et culture

Le chef adjoint adhère à la plateforme de la grande cheffe de financer davantage la culture et la langue.
« La langue s’érode lentement chez les jeunes, constate M. Wapachee, surtout dans les communautés de l’intérieur qui parlent davantage en anglais. Heureusement, les jeunes aiment encore chasser l’oie au printemps, l’orignal à l’automne, en hiver le caribou ou le lagopède. La langue et la culture ne sont pas la responsabilité du provincial ou du fédéral, c’est celle du gouvernement cri. Il faut financer davantage la participation des jeunes aux activités traditionnelles. […] Pour les ainés, c’est très important de maintenir la façon crie de penser. »

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