Nord-du-Québec : La grande tâche du décrochage scolaire

Martin Cormier

Le gouvernement libéral a récemment octroyé 345 225 $ pour contrer le décrochage scolaire dans le Nord-du-Québec. Cette somme obligera les trois commissions scolaires à travailler de concert, et ce, malgré des réalités très différentes les unes des autres.

 Les chiffres de 2015 sont peu reluisants pour la région. Le Nord-du-Québec affiche le pire taux de diplômation pour l’ensemble du Québec. 60% des élèves n’ont pas obtenu de diplôme secondaire ou professionnel deux ans après la fin théorique de leur secondaire. Parmi les trois commissions scolaires que compte la région, c’est celle de Kativik (26%) qui possède le taux de diplômation le moins élevé, suivi par la commission scolaire crie (30%) et jamésienne (74%). « Dans l’ensemble, le portrait est très peu reluisant. Les taux de diplômation à 40% ne sont pas très satisfaisants; par contre, on est content de notre côté à la Commission scolaire de la Baie-James de l’amélioration de nos taux de diplômation », a décrit la coordonnatrice du Groupe neurones, Marie-Claude Brousseau.

Le ministère a pour objectif d’augmenter le taux de diplômation à 80%. « Ça va nous demander de réfléchir à comment travailler ensemble dans le Nord-du-Québec pour améliorer les taux de diplômation. Il y a des objectifs qui sont difficilement relevables avec cet argent-là, considérant l’ampleur du territoire et les taux actuels », croit Bianca Tremblay, directrice des ressources éducatives.

80% de diplômation, difficile à relever

Le Groupe neurones est l’instance de concertation régionale qui coordonne avec les organismes communautaires les campagnes et activités en lien avec la persévérance scolaire. Avec la dernière annonce, elle vient de voir sa responsabilité augmenter drastiquement.

« Actuellement, le Groupe neurones couvre la Jamésie seulement. On n’avait pas le mandat pour le Nord-du-Québec comme il nous a été amené avec les nouvelles sommes d’argent », raconte Bianca Tremblay, présidente du Groupe neurones.

Le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur a demandé au Groupe neurones de créer une instance régionale pour le Nord-du-Québec, incluant les trois communautés, les Jamésiens, les Cris et les Inuits. Une rencontre à quatre est prévue en aout avec le ministère.  « Pour nous, c’est un défi important, car on n’a aucun contact avec les communautés», avance Bianca Tremblay. « Il y a d’abord la barrière de la langue et on a des réalités culturelles très différentes en ce qui a trait à la scolarisation. On va avoir à faire des maillages importants. »

L’investissement servira essentiellement aux campagnes sur la persévérance scolaire et au renforcement des langues. Les organismes communautaires, les maisons des jeunes et les écoles sont les principaux partenaires locaux du Groupe neurones. « Les grandes campagnes que l’on mène sont la journée de la persévérance scolaire et la conciliation étude-travail. On sollicite notamment les employeurs à être conciliant envers les jeunes élèves pendant la période d’examen de mai-juin », décrit Marie-Claude Brousseau, coordonnatrice.

Débalancement

Depuis une dizaine d’années, la Commission scolaire de la Baie-James voit son nombre d’enfants décroitre drastiquement. Il est passé de 2004 à 1805. Les communautés cries et inuites sont au contraire en pleine expansion. Elles contribuent largement à rendre le Nord-du-Québec la région la plus jeune de la province. 35% de sa population a moins de 20 ans, selon les données de 2015.

« La décroissance de la clientèle est un phénomène auquel on est confronté depuis les dix dernières années. Il y a de moins en moins de jeunes qui habitent le territoire jamésien», avoue Bianca Tremblay.  Elle ne croit pas que la taille d’une école influence le taux de diplômés négativement. « Ça peut même être bénéfique parce qu’il y a moins d’élèves par classe», a-t-elle décrit.

Défavorisé

« Il y a plusieurs milieux défavorisés en Jamésie et c’est un enjeu majeur pour l’amélioration de la diplômation », croit Bianca Tremblay. Le revenu disponible moyen par habitant s’établit à 23 628$ en 2014, en deçà de la moyenne québécoise qui est de 26 046$.

 Déterminer les objectifs communs et spécifiques à chaque communauté et voir comment le Groupe neurones peut contribuer à l’amélioration des taux de diplômation seront à revoir. On ne sait pas comment ça va se déployer dans notre planification.

Cet investissement est très différent. On avait des ententes avec la fondation Lucie et André Chagnon qui donnait la moitié de l’investissement de 600 000 $ pour six ans. C’est une belle somme qui a été annoncée. Mais c’est un territoire énorme et si on veut avoir des liens avec des communautés, on va devoir les voir en personne », a commenté madame Tremblay.

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