Plan Nord 2020-2023 : la question du logement en suspens

« Tout le monde reconnaît l’importance stratégique du Nord, dit-elle, mais l’importance d’y vivre, c’est nouveau. »

Si le slogan du Plan Nord 2020-2023 est Habiter le Nord, moins d’un pourcent de son enveloppe budgétaire de plus d’un milliard de dollars est dévolu à l’habitation.

Le ministre l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, assure être conscient des enjeux. « C’est certain que pour habiter le Nord, si on donne pas de disponibilité de logement, on n’y arrivera pas. », a-t-il dit lors de la conférence de presse, le 7 décembre dernier. « Sur le territoire nordique, tout le monde m’en parle. »

Le gouvernement a alors annoncé un budget de 1,44 milliards de dollars, dont 778,6$ provenant du Québec, qui sera dépensé pour réaliser 49 actions. Une enveloppe de 36M$ sera consacrée à des projets non encore déterminés, qualifiés d’émergents.

La Société d’Habitation du Québec travaille avec le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation à déterminer les sommes exactes nécessaires pour résoudre le problème du logement dans le Nord affirme M. Julien. Dans ce contexte, alors que l’analyse est encore en cours, il était pour lui prématuré de fixer une enveloppe budgétaire pour le logement.

« Une part importante du 36M$ qui demeure va à mon avis aller là, spécule le ministre. On laisse la SHQ faire ses analyses. […] C’est un enjeu qui lui appartient, quel type de construction… Mais nous serons au rendez-vous, parce que c’est un enjeu pour plusieurs communautés. »

Une bonne annonce bientôt?

La mairesse de Chibougamau, Manon Cyr, est présidente de l’Assemblée des partenaires, qui agit à titre d’instance-conseil pour le gouvernement en matière de développement nordique.

Madame Cyr reconnaît qu’il n’y a pas de budget ni d’action spécifique au Nord dans le Plan, notant toutefois que l’action no 37 (Contribuer au projet de recherche visant l’amélioration de la conception des logements nordiques) n’est pas étrangère à la préoccupation, tout comme les actions concernant le navettage et les mesures fiscales pour les familles. Et elle souligne à son tour que la Société d’Habitation et les Affaires municipales travaillent sur le dossier en dehors du Plan.
« Le ministre des Affaires municipales a parlé d’un programme spécifique pour le logement dans le Nord, dit Mme Cyr, Ils sont en train de chercher une solution. C’est possible que l’annonce soir faite tôt en janvier ou même avant, ce serait mon cadeau de début d’année ou de Noël! »
La mairesse rappelle que François Legault a pris un engagement en ce sens lors de sa visite à Chibougamau en août. En outre, elle considère qu’il y a une évolution dans la perception du Nord par le gouvernement. « Tout le monde reconnaît l’importance stratégique du Nord, dit-elle, mais l’importance d’y vivre, c’est nouveau. »

Évolution de la perception

La position du maire de Matagami et président de l’Administration régionale de la Baie-James, René Dubé, est analogue à celle de son homologue de Chibougamau en termes d’amélioration. Les gens du Nord ont été consultés pour établir les 49 priorités du Plan, un « pas en avant » selon lui, alors que l’intérêt du pouvoir central se limitait auparavant à « l’extraction de la richesse »
« Il va y avoir des reddition de comptes, souligne M. Dubé, à l’instar de Manon Cyr. Il va y avoir des comptes à rendre. Ils ont vraiment écouté les propositions à la table des partenaires. » Ça ne l’empêche pas d’être critique.

Besoins criants

Le maire de Matagami rappelle que les besoins en logements sont criants à Chibougamau et à Lebel-sur-Quévillon et que la mise en place de solution est urgente. «Pas dans des années, dit-il. […] C’est primordial d’avoir des réponses et un plan d’action là-dessus. On nous parle d’habiter le territoire; le logement fait partie d’une des solutions pour l’occupation. […] »
René Dubé concède qu’une partie d’une enveloppe de 36M$ peut paraître peu sur un budget global de 1,4M $ dont environ 800 millions pour les infrastructures. Mais il y a d’autres programmes pour l’habitation, nuance-t-il.
« Je le vois d’une façon positive, explique M. Dubé. C’est sûr qu’on aurait aimé avoir beaucoup plus. Il fallait bien commencer quelque part. Et c’est un plan pour 2020-2023. nous allons continuer à cheminer. […] Avec Mme Cyr, le maire de Lebel-sur-Quévillon et nos autres partenaires, nous sommes déjà sur la planche à dessin pour voir ce qu’on peut faire. Ensuite on travaillera les autres secteurs de la région. »

Commentant la question du navettage, l’Association minière du Québec a fait savoir que « si le Plan d’action nordique permet d’attirer et de former encore plus de travailleurs qualifiés dans le Nord, il ne fait aucun doute que l’industrie minière se tournera vers eux ».

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