Pour revégétaliser les mines

Légende plantation : À Whabouchi, la revégétalisation est déjà commencée.

La mine de Nemaska Lithium n’est pas encore opérationnelle mais déjà le chercheur Sébastien Roy travaille à rendre au lieu son apparence d’antan.
Professeur à la Faculté des sciences de l’Université de Sherbrooke, M. Roy fait partie des chercheurs qui ont reçu la semaine dernière une aide financière du gouvernement québécois par le biais du Programme de recherche en partenariat sur le développement durable du secteur minier.

La restauration de sites miniers est la spécialité de ce microbiologiste, qui a conçu des solutions pour des mines en Alberta, dans la région de Fort McMurray et à quelques autres au Québec, dont la mine de Niobec.

À Whabouchi, la minière Nemaska Lithium a choisi d’opter pour un plan de restauration progressive, la revégétalisation du site se faisant au fur et à mesure plutôt qu’une fois la mine en fin de vie, comme c’est habituellement la norme. La surface consacrée aux résidus miniers est plus étalée que dans le second cas et permet de planter, dès le départ, des espèces indigènes locales sur les pourtours. « C’est la méthode d’avenir, […] c’est novateur au Québec», assure Sébastien Roy.

Utilisation d’un matériel composite

En Eeyou Istchee, le chercheur a l’opportunité d’utiliser un matériel composite avec une pile de résidus constituée de matériaux granulaires fins et de grosses pierres dans une structure alvéolaire. « Ces matériaux sont habituellement séparés sur les sites miniers, de dire Sébastien Roy. Les sables fins sont plus difficiles pour les végétaux. Le mélange est plus facile […] et c’est plus naturel. »

Des arbres et des arbustes ont été choisis dans la région et retransplantés sur le site de la mine et à Sherbrooke. Le bouleau jaune, le pin gris, l’épinette noire et l’aulne rugueux comptent parmi les espèces qui performent bien jusqu’à présent.

« Maintenant, ajoute le chercheur, nous allons collaborer étroitement avec la communauté crie de Nemaska pour intégrer les mousses. Tous les végétaux ont des mousses qui leur sont associées, et qui apportent la rétention d’eau. Ce sont des associations naturelles. Est-ce qu’on peut les utiliser pour la survie des plantes? C’est la grosse question. »
L’équipe a une prédilection pour les graines et les semences de la région, qui sont les mieux adaptées.

À chaque racine, sa bactérie

Dans le même ordre idée, les chercheurs observeront les associations naturelles entre les bactéries, les micro-organismes et les racines des végétaux. « Les bactéries sont très importantes pour la survie des végétaux, explique M. Roy. Certaines, dit-il, permettent de transformer l’azote en ammonium pour la plante. »
À Whabouchi, le docteur Roy travaille avec quatre autres chercheurs de son institution ainsi qu’avec Line Rochefort, de l’Université Laval, une spécialiste en bryologie (la branche de la botanique consacrée aux mousses) de renommée internationale, directrice du Groupe de recherche en écologie des tourbières. Des étudiants à la maitrise et au doctorat complètent leur équipe, qui retournera dans le Nord-du-Québec en septembre avec, notamment, des échantillons de mousses.
M. Roy espère que la communauté crie s’associera au projet de restauration.
« C’est ce qui est visé, assure-t-il. Ils ont exprimé leur intérêt. Ça va être intéressant pour eux et pour nous. Nous sommes dans leur cour. »
L’Entente Chinuchi, conclue entre les Cris et la minière, stipule que celle-ci doit chercher l’implication des membres de la Première Nation de Nemaska dans la réhabilitation et la restauration du site.

Leadership gouvernemental

Légende plantation : À Whabouchi, la revégétalisation est déjà commencée.

Le chercheur et son équipe ont obtenu 381 000$ des 7,4 M$ que le gouvernement investit cette année dans le Programme de recherche en partenariat sur le développement durable du secteur minier, une somme qui financera une partie de leurs recherches jusqu’en 2023. Ils avaient également reçu du financement pour les trois années précédentes.
« Je lève mon chapeau au MERN (ministère de l’Environnement et des ressources naturelles) et au FRQNT (Fonds québécois de la recherche sur la nature et les technologies) pour leur appui financier à la recherche, s’enthousiasme Sébastien Roy. C’est un exemple de leadership pour appuyer l’interface entre l’industrie et la communauté de la recherche. »
Il souligne que le FRQNT est ouvert à la multidisciplinarité. À Whabouchi collaborent écologistes, microbiologistes et biogéochimistes.
Les solutions développées par Sébastien Roy et son équipe pourront être appliquées ailleurs. « C’est une recherche publique. Tout le monde pourra en bénéficier », dit le chercheur.

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