Premières Nations et industriels forestiers peuvent-ils cohabiter?

Museum of flight Seattle, Magazine Aviation

Un siège vide lors de négociations entre le gouvernement, l’industrie forestière et les Premières Nations ne doit pas forcément être interprété comme un manque d’intérêt ou un refus de collaborer de la part de ces dernières.

Le mardi 20 octobre, devant des chercheurs et des étudiants en foresterie de l’UQAT et du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, Stephen Wyatt, professeur en foresterie sociale et politique à l’Université de Moncton, a discuté de l’épineuse question de l’engagement autochtone dans les processus de gestion forestière au Québec.

«La collaboration, ça peut signifier des interactions bénéfiques entre deux ou plusieurs parties qui passe par des négociations formelles ou informelles. Mais il y a aussi une autre définition, celle de la coopération avec un occupant ennemi. En foresterie, on assiste souvent aux deux. Un conflit peut déboucher sur des ententes et des partenariats économiques. Mais l’inverse est tout aussi vrai», a-t-il signalé.

À la fois un échec et une réussite

Le problème, c’est qu’il n’y a pas de recette magique. Chaque partie doit faire preuve de patience et essayer de mieux comprendre l’autre. Car, a mentionné M. Wyatt, ce qui est considéré comme un échec par l’un ne le sera pas forcément par l’autre.

À cet égard, il a cité en exemple la fermeture d’une scierie opérée par une Première Nation. «Il faut voir plus loin que les emplois. Là où le partenaire industriel et le gouvernement y verront une faillite, la communauté autochtone y verra une occasion qui lui a permis d’affirmer ses droits, de mieux occuper le territoire et d’être reconnue par d’autres acteurs, sans compter la formation dont auront bénéficié ses membres et qui pourra être mise à profit dans d’autres projets ainsi que la fierté d’être parvenue à développer une activité économique», a-t-il illustré.

Deux solitudes à réconcilier

Mais avant d’en arriver là, il faut discuter, échanger et négocier. Mais pas n’importe comment. «La foresterie qu’on enseigne dans nos écoles n’est généralement pas celle des autochtones. Là où l’industrie veut produire du bois pour offrir des dividendes à ses actionnaires, les Premières Nations veulent des emplois, une plus grande autonomie, etc.», a indiqué Stephen Wyatt.

L’autre problème, c’est que les facteurs où les autochtones peuvent avoir le plus d’influence dans les processus actuels sont aussi ceux qui ont le moins d’impacts.

«Les Premières Nations ne sont pas des victimes passives obligées de se conformer aux plans du gouvernement ou de l’industrie, a fait valoir M. Wyatt. Par contre, ce sont encore ces derniers qui ont le gros bout du bâton. Les autochtones veulent faire autrement, mais ils se retrouvent les mains liées. C’est là-dessus qu’il faut travailler.»

Facebook
Twitter
LinkedIn
Imprimer

ARTICLES SUGGÉRÉS