Quand les enjeux du nord impactent aussi le sud

Croisière sur la baie où la docteure Kelly a pu observer un ours polaire et des sternes arctiques.

C’est dans le cadre du Plan Nous organisé par le SNAP (Société pour la nature et des parcs du Canada) division Québec que la docteure Kelly qui est microbiologiste-infectiologue a visité la communauté crie de Waskaganish dans le Nord-du-Québec. Le Plan Nous est une initiative qui vise à tisser des liens et à créer des corridors humains à travers la rencontre de représentant·e·s de communautés situées aux antipodes du territoire québécois. Le Plan Nous a pour but de faire découvrir la richesse de nos paysages et de valoriser la diversité bioculturelle du Québec.

C’est grâce à la municipalité de Granby que la Dr Kelly a pu vivre cette expérience hors du commun que de vivre une semaine dans une communauté crie du NDQ. « Les municipalités qui participent au projet lançait un appel à tous leurs citoyens pour recruter un ambassadeur. Le tout était suivi d’une entrevue et j’ai eu la chance d’être choisie », dit-elle. Les compétences en environnement et en biodiversité n’étaient pas nécessaires. Il fallait cependant avoir un grand intérêt pour le sujet nous informe l’ambassadrice de la Ville de Granby qui était jumelée à la communauté de Waskaganish.

Premier contact

Bien qu’elle soit déjà allée dans le Grand Nord du côté de Whapmagoostui, la Dr Kelly a eu un sentiment d’ignorance à son arrivée dans la communauté crie de Waskaganish. « J’ai réalisé qu’il y avait beaucoup d’enjeux dont je ne connaissais même pas l’impact. Il y a aussi le fait qu’il y a beaucoup d’éléments qui touchent en même temps le nord, mais aussi le sud », mentionne-t-elle.

Un des enjeux importants dans cette communauté crie est la rivière Rupert qui a été déviée pour alimenter des installations hydroélectriques. « Même si, en soit, c’est un exploit d’ingénierie qui contribue à notre confort au sud par le biais de l’électricité, il y a des impacts majeurs et des enjeux importants qui sont reliés à cet ouvrage et qui ont dérangé les écosystèmes là-bas à plein de niveaux », rapporte-t-elle.

Traditionnellement, la communauté dépendait de la faune et de la flore pour survivre. Le tout était régulé par les maitres de trappe qui géraient leur territoire. Madame Kelley souligne que, depuis plusieurs années, la quantité de poissons que l’on retrouve là-bas a diminué et que la chasse est également moins fructueuse. Il y a beaucoup moins d’outardes qui sont un symbole important pour les Cris; l’herbe à bernache se fait aussi extrêmement rare. « Ce n’est plus suffisant pour subvenir au besoin de la population malgré les efforts des gens là-bas », affirme-t-elle.

Comme au sud, l’arrivée de la modernité comme l’alimentation qui arrive par camion font que les besoins de pêche et de chasse sont moins grands, mais ils ont remarqué qu’elle est également moins abondante. « Les gens là-bas se questionnent beaucoup sur l’effet des dérivations et des barrages dans le cycle de l’eau, la salinité, la température, les effets sur les espèces aquatiques, etc. », indique la scientifique. Elle croit que ce sont des changements qui ont des effets dominos et qu’ils sont encore méconnus, des effets qui, selon elle, nous touchent aussi au sud.

Que faire ?

Son séjour a été trop court pour se faire une idée bien arrêtée sur les solutions à envisager et elle ne veut surtout pas parler pour la communauté qui l’a tellement bien accueillie lors de son séjour. « Mais j’ai l’impression qu’il y a des choses qu’ils prenaient pour acquis qui sont en train de se dégrader sous leurs yeux », selon elle. Le Dr Kelly a remarqué que ce qui est en train de changer dans l’écosystème au nord, nous le retrouvons aussi dans le sud, des problèmes similaires dans le fond. La clé, d’après la docteure Kelley, c’est la sensibilisation. Elle donne comme exemple la rivière Yamaska, qui est essentielle pour la communauté de Granby. C’est une des rivières les plus polluées du Québec et un organisme seulement lutte pour la rendre plus propre. La participation de la population est marginale. « Comme citoyen, il faut être plus conscient des enjeux et s’impliquer plus avec les organismes qui travaillent sur le terrain. C’est notre santé qui en dépend », fait-elle valoir. Elle ajoute que si nous sommes conscients du problème, cela nous aidera à faire de meilleurs choix.

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