Route Billy-Diamond : ça roule!

Billy Diamond

C’est chose faite. La célèbre route de la Baie-James portera désormais le nom d’un des architectes de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois (CBJNQ), Billy Diamond.

Le premier ministre du Québec, François Legault, a déposé une motion à cet effet à l’Assemblée législative le 10 novembre dernier, soit une journée avant le 45e anniversaire de la Convention. La Commission de toponymie du Québec a officialisé le changement le lendemain.
Billy Diamond (1940-2010) a été successivement chef de la Première Nation de Waskaganish et grand chef des Cris du Québec (1974-1984). Fondateur d’Air Creebec, M. Diamond a représenté son peuple et l’Assemblée des Premières Nations lors des conférences constitutionnelles de 1982 et 1983.

Des hommages

Le grand chef des Cris, Abel Bosum, s’est dit heureux de voir le Québec poser ce geste significatif. Pour lui, rebaptiser cette infrastructure reliant les communautés cries et la région aux centres économiques du Québec et du Canada est un hommage approprié.
M. Bosum a connu son prédécesseur lors des consultations pour la CBJNQ puis a travaillé avec lui au Grand Conseil des Cris en 1977. « C’était dur au début, rappelle-t-il. Le Québec et le Canada n’avaient pas de plan de mise en place de l’Accord. Il y avait beaucoup de défis. C’était un gros travaillant et un constructeur, raconte-t-il. Il avait un rêve et il voulait des résultats. C’était aussi un gars drôle. Il avait deux côtés : sérieux et drôle avec ses amis. »

M. Bosum rappelle la participation de Billy Diamond à la création de l’Agence régionale crie, du Conseil scolaire cri, de Cree Yamaha Motor, d’Air Creebec, etc. L’ancien grand chef a été une inspiration pour M. Bosum, mais avance celui-ci, pour plusieurs Cris et membres d’autres Premières Nations à travers le Canada « pour sa force, son innovation et sa passion ».
« C’est un modèle pour les Cris, précise-t-il, mais aussi pour les autres personnes de la région. Je pense que ce qu’il a fait était pour tout le monde dans la région. Il a été un constructeur pour le Nord-du-Québec. »
Sur une note plus humoristique, M. Bosum souligne que personne ne connait James, qui était un explorateur anglais.

Autres hommages

C’est à Matagami que commence la route Billy-Diamond et le maire René Dubé se dit favorable à la nouvelle appellation.
« Il faut regarder toute l’histoire, commente M. Dubé. Beaucoup de travailleurs ont travaillé à cette route qui part de Matagami pour aller à la Baie-James. Ça a permis l’entente avec les Autochtones et de dire, oui, ils peuvent aspirer au développement de l’économie et prendre leur destinée en main. »
Pour le maire de Matagami, Billy Diamond a permis à son peuple d’avoir de l’espoir dans le futur. Il perçoit le fondateur d’Air Creebec comme un homme politique de stature québécoise qui a permis à tous de travailler ensemble et de faire l’histoire. « Ça a montré que les Autochtones sont aussi des Québécois », suggère-t-il.
Son homologue de Chibougamau acquiesce. « Il faut se rappeler le contexte [des négociations pour la CBJNQ], dit Manon Cyr. Il fallait convaincre un juge et expliquer que les Cris avaient un mode de vie différent des Québécois. Ça a donné le premier traité moderne. M. Diamond avait 20 ans! C’est tout un être humain et tout un leader pour tout le monde. »
Une résolution du conseil de ville de Chibougamau a appuyé la demande de changement de nom du Grand Conseil des Cris, soulignant que la vision et la direction donnée par monsieur Diamond ont été des éléments précurseurs des relations modernes entre nations et avant-gardistes en termes de développement durable.

Une incitation à la réfection

Sur Twitter, l’ancien député d’Abitibi—Baie-James—Nunavik—Eeyou, Romeo Saganash a écrit qu’il s’agissait d’un hommage bien mérité. « J’espère que cette reconnaissance sera également une incitation à la réfection de cette route souvent en mauvais état, a-t-il ajouté. Il en va de l’image de ce grand homme dont la philosophie politique n’était surtout pas cahoteuse! »
Des problèmes de financement ont forcé Benoît Pilon (Vinland, Iqaluit) à mettre momentanément sur pause un film qu’il veut consacrer à Billy Diamond. Le réalisateur s’affirme néanmoins heureux de la reconnaissance donnée à celui-ci.
« Je trouve que c’est un personnage très important de l’histoire des Cris de la Baie-James, mais aussi du Québec et du Canada. Sa détermination à empêcher Hydro-Québec et le gouvernement de construire des barrages sur le territoire d’Eeyou Istchee sans le consentement des Cris a forcé des négociations et la signature d’une entente historique. Et en plus, sa vie est fascinante. Un homme plus grand que nature que nous devrions tous apprendre à connaitre. »

« L’histoire a donné raison aux signataires de la Convention, à Billy Diamond et à Robert Bourassa », a quant à lui déclaré le premier ministre du Québec, François Legault. « Le grand chef a eu l’audace de bâtir un partenariat gagnant-gagnant à long terme. »
Une cérémonie d’inauguration qui devait avoir lieu en novembre a été reportée au printemps prochain; on anticipe la présence de M. Legault.

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