Show du Zéphir : Discussion avec Stefie Shock

Stefie Shock

Connu et reconnu pour son groove dansant et ses chansons festives, le chanteur Stefie Shock a aussi fait beaucoup de chemin pour la cause de la santé mentale. Il nous fera l’honneur d’un pas de plus dans cette direction en participant à la 4ième édition du Show du Zéphir le 13 novembre prochain, armé de ses plus belles chansons et de son bagage d’homme souffrant de troubles anxieux depuis longtemps. Discussion franche avec un artiste qui n’a pas peur des maux, ni des mots…

Stefie, pour toi, qu’est-ce que la santé mentale ?

C’est peut-être ce qui est à l’origine des plus grands maux qui affligent l’être humain. Quand on se met à creuser dans ce qui ne va pas, c’est à la base des individus et plus largement de la société. Beaucoup d’enjeux sont liés directement ou indirectement à la santé mentale et puis, pendant très longtemps, on ne s’en est pas assez occupés. Ce n’est pas un sujet simple et on se rend compte, dans le contexte actuel, un peu comme si on l’avait découvert assez récemment, que ça existe des problèmes de santé mentale.

Pourquoi, selon toi, la santé mentale est restée si longtemps dans l’ombre ?

En partie par méconnaissance, en partie aussi par déni pour toutes sortes de raisons : la honte, la peur d’être jugé, la peur de ne pas être normal, la peur d’être stigmatisé, ostracisé, ridiculisé… Mais la santé mentale, c’est au cœur de ce qui doit être fait pour « changer le monde » ! Et là de dire ça c’est un peu utopiste, mais au moins améliorer certains aspects de notre vie. Et tu sais, ça concerne tout l’monde ! Il n’y a pas un seul individu qui n’est pas concerné de près ou de loin par l’enjeu de la santé mentale. Tout l’monde a des marques laissées par la vie en général, celle qu’on a mené, que l’on mène, et que l’on va mener… C’est difficiles les relations humaines et souvent on porte des marques sans trop s’en rendre compte, et ça nous fait agir en fonction de certains traumatismes, petits ou grands. On peut avoir des troubles de tout ordre. L’être humain, c’est infiniment complexe, la vie c’est complexe… On fait notre possible, tout l’monde fait son possible, mais on n’a pas toujours les bons outils !

Je sais que tu as déjà souffert de périodes de déséquilibre. Peux-tu m’en parler ?

Au début de la vingtaine, j’ai commencé à avoir des manifestations physiques de l’anxiété et des problèmes d’anxiété du sommeil. Je me suis mis à ne plus être capable de dormir sans me réveiller en panique, étouffé, le cœur en grosses palpitations. C’était insupportable ! Et j’ai eu des attaques de panique en continue, quotidiennes. Pendant deux ans, je ne « manquais » jamais une journée. Je savais que, à chaque jour qui commençait, j’aurais au cours de la journée une grosse attaque de panique et il faut savoir que, bien qu’on nous dise que ce n’est pas dangereux en soi, y reste que le temps que tu as cette crise-là tu penses vraiment que tu vas mourir, et c’est très difficile de rationnaliser. Et tu sais, à l’époque où je vivais ça, on ne le disait pas qu’on vivait ça. Je veux dire, pas ouvertement. Aujourd’hui on peut en parler plus librement mais, dans le temps, ça « ne se faisait pas » ! Maintenant, je suis médicamenté, ça m’a aidé, ça a fonctionné. Ceci dit, je ne fais pas la promotion de la médication parce que, pour certains, ça ne fonctionne pas et c’est d’autres avenues qui vont fonctionner. L’important est de trouver sa propre manière de trouver l’équilibre!

Selon toi, est-ce que les gens ont encore beaucoup de préjugés/tabous face à la santé mentale ?

Ah oui ! Ça, c’est infini… C’est mieux que c’était, mais c’est loin d’être réglé. C’est encore, beaucoup, souvent, regardé de haut. Il y a encore cette image tenace que quelqu’un qui a un problème de santé mentale c’est quelqu’un qui est assis sur un banc de parc et qu’y se parle tout seul ! Ou quelqu’un qui crie sur la rue « à personne », qui est enragé sur le trottoir et qui s’engueule avec quelqu’un d’autre qui n’est pas là, tu sais… Oui, ça existe, et c’est des gens qui ont de graves problèmes, mais c’est pas juste ça la santé mentale ! Parmi les gens les plus équilibrés que je connais, y a toujours quelque chose qui cloche, une faille, une perte d’équilibre… Et en regardant ce tableau-là, on comprend facilement que c’est tous les gens qui sont concernés par des potentielles problématiques en santé mentale. C’est vraiment infiniment complexe et, de s’y attarder, ça devrait être un travail qui est au cœur de toute société, n’importe où, parce que c’est unanime, c’est pandémique… Y en a du progrès, mais y’a pas de quoi être satisfait, on commence, on est au début de ça.

Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui a des difficultés et qui les vit seul, qui vit de l’isolement, de la solitude ?

En fait, je donnerais le conseil suivant à chaque individu. Et là, c’est moi aussi ça « chaque individu », je suis concerné au même titre que tout l’monde… Or, le conseil à chacun, ça serait de se rendre responsable d’une autocritique, d’une introspection, dans le but d’observer comment on se porte. Comment on se porte soi-même vis-à-vis de soi-même, comment on se sent en-dedans. Indépendamment du monde extérieur. Comment je vais ? Suis-je mal ou bien dans ma peau ? Une prise de conscience en tant qu’individu sur nous-mêmes, on doit la faire, c’est un devoir, on doit tous la faire ! Sinon, pour la question précise sur quelqu’un d’isolé, avec un peu de chance y’a des ressources proches, et il faut absolument aller chercher l’aide disponible

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