Sully: héros ou imposteur?

Le capitaine Sullenberger a-t-il agi en héros lorsqu’il a réalisé l’amerrissage du vol 1549 de US Airways sur la rivière Hudson en plein cœur de New York? À l’inverse, cet atterrissage spectaculaire est-il le fruit d’une erreur de pilotage?

Sully

Qu’il jogge sur le trottoir de Times Square ou tente de prendre un verre dans un bar, il y a toujours un écran pour rappeler à Sully ce moment où un banc d’oiseaux a anéanti ses deux moteurs à seulement 2818 pieds de hauteur, le forçant à réaliser un atterrissage d’urgence à la plus basse altitude jamais enregistrée de l’histoire de l’aviation.

Un nuage vient toutefois faire ombrage à la situation encensée dans la population. Les commissaires du National Transportation Safety Board estiment que le pilote Chesley Sullenberger et son copilote Jeff Skiles (Aaron Eckhart) auraient pu retourner à LaGuardia et ainsi atterrir dans un endroit sécuritaire plutôt que de mettre la vie des passagers en jeu.

Double récit

Construit pour évoquer les deux points de vue, le long-métrage sorti en salle le 9 septembre n’est donc pas axé sur l’action même, mais plutôt sur la réflexion analytique entourant l’enquête qui a suivi le 15 janvier 2009.

Il faut d’ailleurs attendre un bon moment avant de vivre le déroulement de ce qui s’est passé dans l’avion après seulement six minutes de vol. On voit la stupeur des passagers et l’état d’urgence de la situation jusqu’à l’amerrissage réussi. Un récit de quelques minutes saisissant durant lequel on se projette parmi les passagers.

Suivra la même scène dans la dernière portion du film, mais cette fois-ci du point de vue de la cabine de pilotage et des conversations entre les deux seuls maîtres à bord. Le spectateur, avec en poche les connaissances techniques dévoilées plus tôt, comprend alors l’ampleur du défi et l’importance de l’événement qui aurait pu bien mal se terminer.

Le réalisateur force ainsi le questionnement moral du spectateur. Ce dernier s’immisce dans l’histoire et devient à la fois juge et partie.

RéalismeSully

Ce n’est pourtant pas le cas ici. Clint Eastwood dresse un regard posé sur l’événement, parfois même un peu trop analytique. Le calme qui régnait dans la cabine de pilotage et dans l’avion est surprenant et apporte un grand réalisme à l’histoire.

La justesse de l’interprétation de Tom Hanks, habitué aux rôles des héros modernes, apporte une crédibilité. On sent sur ses épaules le poids de la responsabilité de ses passagers pour lesquels il a défié la Grande Faucheuse.

Le nœud de l’histoire est entrecoupé par la relation entre Sully et sa femme Lorraine (Laura Linney). Bien que l’actrice offre une performance respectable, ces moments font décrocher le spectateur qui n’en a que faire des mièvres conversations.

On comprend que cette portion scénaristique sert à mettre en lumière l’état d’esprit du pilote, lui-même tiraillé par la justesse de ses décisions. On aurait très bien pu le faire vivre à travers la relation des deux collègues.

Transposition

On se sent souvent vulnérable lorsqu’on embarque dans un avion. Aucun passager (ou presque) ne peut conduire en cas de pépin. L’abandon de nos vies entre les mains d’un pilote et de son copilote est un acte de grande confiance qui vient inévitablement capter notre affect comme spectateur.

Et lorsqu’on lit que des pilotes se sont fait prendre en boisson en Écosse avant de monter à bord d’un appareil, on ne peut que craindre le pire en transposant une telle situation entre leurs mains.

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