Taxi Co-op Chibougamau cessera ses activités

La loi 17 aura eu raison de Taxi Co-Op Chibougamau.

La nouvelle a eu l’effet d’une bombe dans la communauté de Chibougamau. Taxi Co-op Chibougamau a annoncé sa fermeture le 1er juin prochain. Dans une lettre qui a été publiée sur les réseaux sociaux, le président de la coopérative, Roland Loiselle, pointe les nouvelles exigences que le gouvernement impose au monde du taxi par l’entremise de la nouvelle loi 17 qui concerne le transport rémunéré de personnes par automobile.

Modernisation de l’industrie

La nouvelle loi 17, qui est entrée en vigueur le 10 octobre dernier, se veut un rajeunissement de la “loi sur les taxis” qui, elle, a été abrogée. Selon l’objectif du gouvernement, cette loi permettra la surveillance et le contrôle du transport rémunéré de personnes par automobile afin d’assurer la sécurité des passagers et la transparence des prix, le tout s’inscrivant dans une perspective de développement durable, de diminution de l’empreinte carbone.

L’adoption de cette loi a fait couler beaucoup d’encre et ne fait pas le bonheur de tous les intervenants dans le milieu et c’est cette nouvelle loi qui aura raison de Taxi Co-op Chibougamau.

Dans sa lettre, le président de la seule compagnie de taxis en ville faisant ce qui est appelé dans le jargon du “porte-à-porte”, c’est-à-dire des courses pour Monsieur et Madame Tout-le-monde sur de courtes distances, l’a clairement évoqué.

« Ce sont les nouvelles exigences que le gouvernement nous impose, pour la modernisation de l’industrie du taxi et pour qu’UBER et EVA puissent avoir une place dans le marché du taxi, qui nous oblige à nous informatiser davantage, ce qui vient compliquer la tâche pour nos chauffeurs de taxi qui sont tous d’un certain âge et ne sont pas très confortables avec l’informatisation », explique monsieur Loiselle.

La loi, en plus d’encadrer les nouveaux chauffeurs et les voitures, obligera à partir du 10 octobre 2022 que celles-ci soient munies d’un dispositif de géolocalisation permettant de localiser la voiture en temps réel. Également, elle prévoit qu’une redevance temporaire de 0,90 $ devra être ajoutée au prix de toutes courses effectuées. Cette redevance a commencé à être chargée aux clients le 1er janvier 2021. La redevance devra également apparaitre comme une charge individualisée sur la facture payée par le client. Dans la même logique, les propriétaires de voitures munies d’un taximètre devront le faire ajuster afin que celui-ci indique une lecture comprenant la redevance payable par le client.

Relève difficile

Dans sa lettre, le président de Taxi Co-op de Chibougamau mentionne que les 6 propriétaires voudraient bien passer le flambeau, mais les acheteurs ne se bousculent pas aux portes.
« Nous avons bien essayé de vendre nos taxis mais, à cause de la nouvelle réglementation, nous avons des acheteurs qui se sont désistés et ici, à Chibougamau, il y a un gros manque de relève pour ce genre de commerce. Avant même que le gouvernement nous informe de la nouvelle réglementation, nous avions déjà quatre propriétaires sur six qui voulaient vendre leur taxi », expose-t-il.

Interrogée sur le sujet, la mairesse de Chibougamau, Manon Cyr, s’est dite déçue de la situation, mais y voit quand même une opportunité pour de nouveaux joueurs d’embarquer dans la parade.

« Je suis déçue de cette annonce à savoir qu’il n’y aura plus de service de taxi en ville. Je comprends que des gens, rendus à une certaine étape de leur vie, n’ont plus ni le gout ni l’intérêt d’investir. Je crois cependant que c’est une opportunité d’affaires pour quelqu’un à Chibougamau. Bien entendu, nous sommes au Québec et nous devons suivre les nouvelles règles établies comme avoir le nouveau taximètre incluant GPS et émission des reçus aux clients.»
Du côté du député d’Ungava, Denis Lamothe, il s’en tient au fait que tous doivent se plier aux nouvelles réglementations qu’exige la loi.

« Taxi Co-Op Chibougamau a été compensé financièrement pour son permis par Transport Québec, conformément à la Loi concernant le transport rémunéré de personnes par automobile soit sur la modernisation de l’industrie du taxi. Les propriétaires de Taxi Co-Op Chibougamau ont décidé de cesser leurs activités et cette décision leur appartient. Les futurs opérateurs de taxi devront informatiser leurs véhicules et se conformer aux normes de la SAAQ, tel que stipulé dans la loi 17.»

Il est fort à parier qu’un investisseur ou un nouveau joueur de l’industrie verra dans cette fermeture une opportunité d’affaires. Cependant, en attendant, les personnes âgées devront trouver une autre alternative pour aller à leur rendez-vous au centre de santé et les clients des établissements hôteliers devront faire preuve d’originalité après une soirée arrosée. L’absence de taxis dans notre communauté causera beaucoup de maux de tête.

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