Trop difficile de payer les joueuses… vraiment ?

Kendall Coyne, joueuse de l’équipe de hockey féminin des États-Unis.

Par Gabriel Bouchard

Est-ce que les joueuses de hockey féminin méritent qu’on leur réserve un meilleur traitement ? Encore en 2019, aucune joueuse de haut niveau n’est encore capable de vivre de son sport. Même si ces joueuses reçoivent un salaire, il n’est pas assez élevé pour que ces joueuses puissent subsister simplement de celui-ci. Est-ce normal ? Je me penche sur la question.

Malgré lui, Nathan MacKinnon de l’Avalanche du Colorado a été un pionnier dans l’histoire de la LNH lors du dernier Match des étoiles. Une blessure de dernière minute a permis à Kendall Coyne, joueuse de l’équipe de hockey féminin des États-Unis, de participer au concours du patineur le plus rapide… et de voler la vedette. Pourtant, la LNH n’a pas payé Coyne pour sa présence. C’est l’entreprise CCM qui lui a remis un chèque, qui équivalait à ce que Coyne aurait gagné si elle avait été un homme. Mais est-ce que les femmes vivent de leur passion en 2019 ?

Voici quelques chiffres

Le salaire minimum d’un joueur de la Ligue nationale est de 650 000 $ US. L’an prochain, ce salaire passera à 700 000 $ US. Les meilleurs, comme Connor McDavid, gagneront au-dessus de 10 M$. McDavid vient d’ailleurs tout juste d’être suspendu 2 matchs, et il a dû mettre une croix sur son salaire pour ses deux parties. On parle d’environ 135 000 $.

Chez les femmes, les joueuses gagnent un certain salaire, mais celui-ci est loin d’être comme celui des joueurs de la Ligue nationale, voire celui de la Ligue américaine. En fait, une joueuse des Canadiennes de Montréal va gagner entre 2 000 $ CA et 10 000 $ CA pour sa saison au grand complet. Quant à son circuit rival, la National Women’s Hockey League, on parle d’entre 5 000 $ et 7000 $ US. Dans les deux cas, on parle de moins de 500 $ CA par match par joueuse. Celle-ci est alors considérée comme une haute salariée.

Les meilleures joueuses de hockey au monde devraient être en mesure de vivre pleinement de leur passion, au même titre que les hommes. Je trouve inconcevable qu’une ligue comme la LNH ne mette pas en place un programme de parrainage pour aider les joueuses et faire une ligue nord-américaine, et non deux ligues séparées. Gary Bettman a d’ailleurs déjà été questionné à ce sujet et il avait répondu qu’il ne voyait pas la nécessité de considérer ce genre de démarche.

Mais bon, doit-on s’attendre à beaucoup d’un homme qui préfère ne pas faire d’argent dans un marché où il fait chaud plutôt que d’en faire dans un marché canadien où les revenus y seront ?

Un modèle à suivre

La LNH n’a pas besoin d’aller bien loin pour trouver un modèle de mise en marché du sport féminin qui permettrait aux joueuses de vivre de leur sport. La NBA et la WNBA, son circuit féminin, ont mis en place un programme où les joueuses de 12 équipes, toutes affiliées à une équipe de la NBA, ont droit à des salaires qui leur permettent de vivre de leur sport, même si la ligue ne fait pas autant d’argent que ce qu’elle espérait. Le salaire minimum est de 50 000 $ US, et les joueuses les mieux payées gagnent un salaire dans les 6 chiffres.

Considérant que le salaire moyen de la NBA est d’un peu moins de 900 000 $ US, l’écart salariale entre les joueuses et les joueurs est encore très considérable, mais au moins les joueuses de la WNBA peuvent se permettre de vivre de leur passion.

Les revenus de la Ligue nationale de hockey frise les 5 G$ (5 000 000 000 dollars), qu’est-ce que ce serait pour la LNH d’utiliser le modèle de la WNBA pour promouvoir le hockey féminin? Non seulement la LNH pourrait faire des revenus aussi avec le hockey féminin, mais cela donnerait des moyens matériels plus avancés à ces joueuses, pour de l’équipement par exemple. Le Canadien de Montréal a déjà d’ailleurs ce genre de partenariat avec les Canadiennes de Montréal.

Mais bon, Bettman a de la difficulté à avouer ses propres échecs, alors imaginez si on devait lui demander d’innover…

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