Uber ne menace pas les taxis, estime Couillard

ENTENTE. Le projet pilote d’Uber ne menace pas les chauffeurs de taxi ou la valeur de leurs permis, estime le premier ministre Philippe Couillard, qui y voit plutôt une occasion de faire «grossir la tarte».

in extremis

Les redevances seront versées dans un fonds de modernisation de l’industrie du taxi, mais rien n’assure qu’elles serviront à indemniser les chauffeurs de taxi dont la valeur des permis achetés à gros prix pourrait diminuer en raison de l’arrivée d’Uber.

Le premier ministre Philippe Couillard n’adhère d’ailleurs pas à l’hypothèse d’une baisse de la valeur des permis de taxi, que rapportent et dénoncent les propriétaires de ces permis.

«On ne sait pas encore, c’est un projet pilote sur un an», a déclaré M. Couillard lors de la conférence de presse qui clôturait le caucus de ses députés à Gatineau, jeudi.

«On peut voir la situation comme une tarte avec une limite qu’il faut se partager, ou l’occasion de faire grossir la tarte et que tout le monde en ait plus. À mon avis c’est dans cette deuxième situation qu’on est. (…) Je n’assume pas nécessairement que les conséquences vont être négatives pour les chauffeurs de taxi», a-t-il dit.

Uber devra payer 0,90$ par course pour les premières 50 000 heures travaillées dans une semaine. Entre 50 000 et 100 000 heures, le montant grimpe à 1,10$, et pour plus de 100 000 heures, le prélèvement de l’État passe à 1,26$.

Le gouvernement n’a pas voulu fournir aux journalistes le texte de l’accord ou même des points saillants, mais le premier ministre n’a pas infirmé les chiffres.

C’est «un volume d’activité contrôlé de façon un peu dissuasive par des contributions qui augmentent avec le volume», a expliqué M. Couillard.

Il n’a pas voulu s’avancer sur l’ampleur des sommes qui pourraient ainsi être recueillies. De même, les modalités de l’usage du fonds restent à déterminer par les partenaires gestionnaires du fonds, a tenu à préciser le gouvernement, qui n’a pas voulu extrapoler sur une quelconque indemnisation des chauffeurs de taxi.

À la sortie de la séance du conseil des ministres jeudi en fin d’après-midi à Gatineau, le ministre des Transports, Laurent Lessard, a refusé de se mouiller sur l’usage du fonds de modernisation.

Pour le reste, Uber devra se procurer un permis d’intermédiaire de taxi, mais ses chauffeurs n’auront pas à se procurer à gros prix le fameux permis contingenté actuel qui a coûté si cher aux chauffeurs de taxi.

Quelques points saillants

-Uber devra payer ses impôts et ses chauffeurs percevront les taxes et paieront des impôts;

-Les chauffeurs devront obtenir un permis de classe 4C, comme les chauffeurs de taxi;

-Ils devront passer un examen médical et une habilitation de sécurité;

-Ils devront se munir d’une police assurance adéquate;

-Les véhicules qui servent à Uber devront être inspectés;

-Les véhicules d’Uber devront être identifiés par une signalisation particulière qui reste à être déterminée;

-Les chauffeurs d’Uber ne seront pas limités à des territoires déterminés, comme le sont les taxis réguliers;

– Les tarifs d’Uber pourront être modulés en fonction des périodes de pointe de la demande.

Rappelons qu’Uber avait trois mois pour s’entendre avec le gouvernement sur un éventuel projet pilote avant l’entrée en vigueur d’une nouvelle loi sur le transport des personnes ce jeudi 8 septembre.

Le parcours du gouvernement Couillard pour aboutir à cette entente a été semé d’embûches. Après de nombreuses consultations et même la disgrâce du ministre Robert Poëti au profit de Jacques Daoust, puis son remplacement par Laurent Lessard, le gouvernement a dû faire face à une contestation des jeunes libéraux qui ont pris ouvertement le parti d’Uber contre un projet de loi qu’ils jugeaient trop restrictif.

La nouvelle loi donne carte blanche au ministre pour accepter des projets pilotes sous toutes les formes.

L’entente avec Uber entrera en vigueur dans 20 jours lors de sa publication officielle.

La Presse canadienne

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