Un déficit anticipé de 2,84 M$ pour le CRSSSBJ

Un montant cumulatif de 2,3 M$ a été dépensé pour l’embauche éphémère de main-d’oeuvre indépendante.

Le Centre régional de santé et de services sociaux de la Baie-James (CRSSSBJ) anticipe un déficit de 2,84 M$ au 31 mars prochain, principalement dû à l’utilisation de la main-d’œuvre indépendante.

Un montant cumulatif de 2,3 M$ a été dépensé pour l’embauche éphémère de main-d’œuvre indépendante dans différents postes, mais principalement pour des infirmières et des infirmières auxiliaires (60 %). Ce montant comprend le transport et l’hébergement des travailleurs ainsi que la commission des agences privées.
« Les agences qui font la gestion ne sont peut-être pas toujours raisonnables au niveau des frais de gestion qu’elles demandent, a affirmé le président du conseil d’administration du CRSSSBJ, Jean Bédard, lors de la réunion du 10 janvier dernier. Il y a un très gros travail à faire et on espère que ça va se faire. »

Absence de plafonnement

Le ministère de la Santé a émis un décret pour aider les établissements de santé dans les régions éloignées mais, depuis le 13 juillet, ceux-ci ne sont plus sujets au plafonnement du taux horaire de la main-d’œuvre indépendante. « Depuis, la dépense de main-d’œuvre indépendante est devenue exponentielle, c’est ce qu’on a dit au ministre », révèle la présidente directrice générale du CRSSSBJ, Nathalie Boisvert. Cette ressource pour combler les manques à l’interne était très utilisée les années précédentes mais sans déséquilibrer le budget.

Le directeur des ressources financières, techniques et informationnelles, Jean-Luc Imbeault, et Mme Boisvert ont discuté en novembre dernier du problème avec un adjoint du sous-ministre de la santé.
« Le centre d’acquisition gouvernemental va faire un nouveau contrat, pour abroger celui en cours, observe M. Imbeault, pour arriver avec un plafonnement des taux horaires ou un retrait des agences. On ne sait pas quelle stratégie sera adoptée. »

« Il faut vraiment qu’il y ait un changement de cap qui soit fait le plus tôt possible, souligne M. Bédard. La main-d’œuvre indépendante compte presque pour 10% de notre budget pour les surplus. […] La renégociation du contrat peut nous aider, mais ce n’est pas une solution à long terme. On est dépendant plus que jamais. »

Selon la pdg du CRSSSBJ, l’utilisation de la main-d’œuvre indépendante a été perçue par plusieurs établissements des régions comme un risque important en termes de gestion financière. « En bout de ligne, ajoute-t-elle, ça a un impact sur l’offre de services, la mobilisation des ressources, l’orientation qui doit être faite par le reste du personnel. Il y a plusieurs couts autres que financiers. Mais ça nous permet de donner des services dans notre région. »

Les affres du recrutement

L’utilisation de la main-d’œuvre indépendante – qui n’oeuvre pas dans tous les domaines de la santé- est un symptôme de la difficulté de recrutement du CRSSSBJ. « On fait face au manque de personnel partout dans l’organisation, dans toutes nos installations, dans tous les secteurs », répète Nathalie Boisvert.

Le Centre régional de services se réjouit de l’entrée en fonction de la docteure Lyse Landry le 3 janvier 2023. Elle dirigera notamment la gestion des services de pharmacie et d’imagerie médicale, d’accueil et d’admission. Quelques médecins ont été recrutés à Matagami, Lebel et Chapais.

Beaucoup de postes demeurent toutefois à combler. Des ressources ont manqué dernièrement en oncologie. Un patient a dû se déplacer en Abitibi-Témiscamingue pour recevoir son traitement; d’autres ont prévu avec leur oncologue d’attendre le retour, prévu pour la mi-janvier, du pharmacien faisant de l’oncologie. « La situation de la pharmacie est très précaire, note Mme Boisvert. On a ajouté des personnes en administration, en gestion et en démarchage pour nous aider. […] On a réussi à recruter en ce qui concerne l’assistance technique en pharmacie. »

À Radisson, la pharmacie du CRSSSBJ cesse progressivement ses services de pharmacie communautaire à la population. À partir du 23 janvier, elle n’offrira plus que des doses d’urgence et le dépannage, les médicaments pour les gens hospitalisés. Ce sont trois pharmacies de l’Abitibi-Témiscamingue qui feront le service. Elles livreront les médicaments au centre de santé qui en fera la distribution au personnel.
Le secteur du soutien à domicile est également identifié comme vulnérable.

Un projet pilote

Pour pallier la carence de recrutement, le CRSSSBJ a mis en place l’été dernier un projet pilote permettant à d’anciens employés de continuer à travailler pour l’organisation par le biais du télétravail. Trois personnes sont actuellement engagées dans ce cadre, dans les services préhospitalier d’urgence et psychosociaux. Ce nombre est insuffisant aux yeux du conseil d’administration pour valider la pertinence du projet pilote. Son évaluation sera faite l’été prochain, notamment en regard des impacts sur les tâches faites en présence, sur le sentiment d’appartenance à l’équipe.

Postes vacants au C.A.

Alors que le conseil d’administration de l’organisation compte 19 sièges, on y compte actuellement 12 individus, dont deux sont absents pour une durée indéterminée. Les 12 membres du C.A. doivent donc surmultiplier leur présence sur les différents comités.
Chantal Deniger, qui représentait la population, a démissionné de son poste au conseil le 10 janvier. On cherche dès maintenant quelqu’un pour combler le poste, idéalement de Matagami.

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