Un livre sur la mine Éléonore

Marc Tison

Avec Éléonore, les journalistes Hugo Fontaine et Marc Tison investiguent l’aventure de la célèbre mine d’or québécoise tout en lui donnant un caractère romanesque.

Il y a quelque chose dans l’histoire des mines et dans celle des prospecteurs qui parle à l’imaginaire, à l’aventurier qui sommeille en chacun. C’est le Klondike, l’Amazonie et la Moria, c’est Jack London, Blaise Cendrars et Yves Thériault. Les auteurs d’Éléonore que publie Québec-Amérique ont su creuser cette dimension dans le récit qu’ils consacrent à la découverte de la mine d’Eeyou Istchee sans pour autant sacrifier la nécessaire rigueur d’une enquête journalistique.

Éléonore, une aventure moderne de chercheurs d’or, s’échelonne de  l’enfance d’André Gaumont, géologue, homme d’affaires et maître d’oeuvre du projet Éléonore, jusqu’au rachat de la mine par Newmont en 2019 et la révision à la baisse de ses réserves d’or  l’année suivante.

Entre les deux, des années de prospections dans des conditions difficiles  par des personnages singuliers qui alliaient connaissances scientifiques et amour de la nature… sans oublier de la chance et de l’instinct.

On pense notamment à Pietro Costa, originaire de Chibougamau, qui allait devenir une légende. C’est lui qui devait ausculter un bloc de roche que personne d’autres n’aurait même pas regardé et qui, avec une teneur de 22,9 g/t, allait s’avérer un point déterminant dans la découverte de l’or.

Mais les aventures ont aussi lieu sur un autre terrain, tout aussi parsemé d’embûches, soit celui des finances et de la Bourse, là où les requins sont d’une espèce commune.

Une écriture en tandem

C’est à un observateur aguerri  que l’on doit l’idée de raconter l’aventure Éléonore. Directeur de la section Affaires de La Presse, Hugo Fontaine a couvert le secteur minier québécois de 2008 à 2013.

« Il avait envie d’écrire un livre sur le secteur, puis sur Éléonore. Il m’a demandé de participer à l’écriture », se remémore son coauteur Marc Tison, journaliste à la section dirigée par Fontaine.

Tison avait déjà rencontré André Gaumond, qui l’avait impressionné, et s’est laissé tenter par le projet, pour lui inédit, d’écrire un livre. Fontaine, lui, avait déjà signé La Grenade verte et Passez au salon (avec Isabelle Massé).

Il faut aussi dire que Tison avait  de l’estime pour Fontaine avec qui il avait notamment collaboré à un projet sur la Première Guerre mondiale.

Les deux journalistes ont fait ensemble la recherche et les entrevues pour ensuite se partager la rédaction des chapitres en fonction de leur intérêt personnel. Ils ont  relu leurs parties respectives, notamment pour y travailler l’homogénéité. « Mais on n’a pas des styles franchement différents, assure Marc Tison. C’est difficile de voir qui a écrit quoi. »

Mais le plus grand défi du duo aura été celui de la persévérance alors qu’il leur aura fallu quatre ans, plusieurs voyages et plus d’une vingtaine d’entrevues  pour achever leur œuvre.

Des personnages fascinants

« Tout ce qu’on raconte est réel, commente Marc Tison sur le caractère du livre, même si la forme narrative s’approche de celle du roman. »

« Éléonore, concède-t-il, est une mine de personnages. On pense à Gaumond, bien sûr, qui à 12 ans démontrait déjà de la détermination et des intérêts pour la prospection. » Selon Reggie Mark, un chef cri cité dans Éléonore,   Virginie, la compagnie de Gaumont, a été une pionnière dans la communication et la  collaboration avec les Premières Nations

On pense aussi à Pietro Costa, que les auteurs ont trouvé particulièrement touchant, et bien d’autres, les  Jean-François Ouellette, Michel Gauthier, Paul Sawyer.

« Il y a beaucoup de personnages fascinants », résume Marc Tison qui souligne à quel point trouver une mine est rarissime.  « Ce sont des amants de la nature,  des géologues, des prospecteurs. […] La géologie, c’est sur le terrain, et il est loin et ardu ce terrain. Il  y  a des rencontres avec des animaux, des problèmes mécaniques. […] Ce sont des gens passionnés, ils sont fiers de ce qu’ils ont vécu. […] Nous voulions leur rendre justice. »

L’auteur considère qu’Éléonore tient simultanément de  l’Île au trésor de Robert Louis Stevenson et du roman policier. « Les prospecteurs sont comme des enquêteurs qui suivent des pistes, explique-t-il. […] l y a du suspense. Ça s’étend sur une quinzaine d’années. C’est toute une épopée. »

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