Une logistique impressionnante

Les dessous du Gouvernement régional d’Eeyou Istchee Baie-James

Les 18 et 19 novembre, la salle du Club de golf de Chibougamau avait des allures des Nations unies lorsqu’on y entrait, en plus petit évidemment. Traduction simultanée, 25 personnes autour de la table, diffusion sur le Web en temps réel, la dernière séance en 2015 de cette entité politique unique au monde, le Gouvernement régional d’Eeyou Istchee Baie-James (GREIBJ), avait de quoi impressionner.

Ce gouvernement a remplacé l’ancienne municipalité de la Baie-James (MBJ), grâce à un amendement en 2012 de la Convention de la Baie-James, afin que tous les habitants de la région soient justement représentés au sein d’une même instance. Ainsi, les cinq villes jamésiennes et les neuf communautés cries du Québec se rassemblent une fois aux deux mois, alternant toujours les lieux. La prochaine séance aura lieu à Grande-Baleine ou Whapmagoostui. 11 sièges sont occupés par des conseillers municipaux jamésiens et 11 autres par des chefs cris. La ville de Chibougamau possède quatre sièges, puisqu’ils sont désignés au prorata.

« Avant la MBJ prenait des décisions concernant les Cris, sans qu’ils soient à la table : maintenant on peut vraiment prendre des décisions ensemble », explique la directrice des relations Cris-Québec du Grand Conseil des Cris, Mélissa Saganash.

La première réunion du GREIBJ a eu lieu en 2014. L’an prochain, Manon Cyr laissera sa place de présidente au grand chef de la nation crie, Matthew Coon Come. Après le mandat de celui-ci, ce sera un Jamésien qui présidera, et ainsi de suite.

 

Bien « rodée »

La logistique des séances du GREIBJ est aussi impressionnante que le symbole de diplomatie qu’elles représentent. Une équipe composée d’une dizaine de techniciens, ainsi que quelques traducteurs, se déplacent lors des assemblées. Plusieurs caméras sont installées dans la salle, puisque chaque réunion est diffusée sur le Web en direct. Celle-ci est ensuite disponible sur le site du GREIBJ et peut être consultée à tout moment. Chaque membre qui siège a d’ailleurs une oreillette par laquelle il entend un traducteur, puisque tous ceux qui siègent peuvent s’exprimer dans la langue qu’ils désirent. Ainsi, on pourra entendre des pourparlers en français, anglais et en cri dans la salle, mais les membres auront toutes les discussions dans leur langue d’origine à leur oreille. Quand on parlait des Nations unies…

Toutes ces spécificités, ajoutées au transport de tous les membres, font en sorte que chaque séance coute environ 27 000 $.

« Il faut comprendre qu’en raison de l’immensité du territoire que le gouvernement couvre, ces frais sont nécessaires. Ceux-ci sont d’ailleurs partagés entre le Grand Conseil des Cris, ainsi que les Jamésiens », indique Mme Saganash.

Elle ajoute que le Grand Conseil des Cris fait maintenant ses réunions autour des mêmes dates que celles du gouvernement GREIBJ, afin de sauver du temps et sur les frais de déplacement. 

Lors des assemblées du GREIBJ, qui ont la même forme qu’une séance de conseil de ville, une multitude de sujets différents sont abordés. Ainsi, à Chibougamau, une minute de silence pour souligner les dénonciations des femmes autochtones à Val-d’Or sera faite, des représentants de l’entreprise minière Goldcorp ont présenté un projet à l’assemblée et le rapport financier du gouvernement a été déposé, entre autres. Il y a même une période de questions destinée aux citoyens, lors de la matinée de la dernière journée d’assemblée.

Parce qu’on est en 2015, a-t-on envie de dire en assistant à une séance du GREIBJ.

 

En bref

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