Vers un nouveau GREIBJ

Les Jamésiens auront-ils leur mot à dire dans la révision du Gouvernement régional Eeyou Istchee Baie-James (GREIBJ) et y conserveront-ils leurs voix?
Selon l’article 85 de l’Entente sur la gouvernance dans le territoire d’Eeyou Istchee Baie-James, la représentation et le droit de vote des Cris et des Jamésiens au conseil doivent être revus en fonction des réalités démographiques avant le 1er janvier 2023.

L’actuelle parité du conseil du GREIBJ pourrait se transformer; selon l’Institut de la statistique du Québec, les Jamésiens étaient 13 470 individus en 2020 alors qu’Eeyou Istchee en comptait 18 347.« C’est un enjeu important. C’est une inquiétude », signale la directrice du développement stratégique de Chapais, Mariève Bernier.

Inquiétudes à Chapais

Les Jamésiens ne sont pas signataires de l’Entente. Celle-ci précise cependant qu’ils doivent être consultés cinq ans après son entrée en vigueur sur « la mise en œuvre de cette Entente et toutes questions qui y sont liées concernant les Terres de la catégorie III ». Selon une porte-parole du GREIBJ, cela n’a jamais été fait.

Cela le sera-t-il avant la date butoir du 1er janvier 2023? Dans le doute, le 18 aout 2020, le conseil municipal de Chapais prenait la résolution de demander au gouvernement québécois que Chapais et les autres communautés de la Jamésie soient consultées et impliquées dans les démarches visant la « redéfinition des fonctions, des compétences et des pouvoirs » du GREIBJ 2.0.
Cette consultation donnerait de l’acceptabilité sociale au GREIBJ et permettrait aux collectivités jamésiennes de formuler leurs enjeux locaux et régionaux, selon Chapais.

Un GREIBJ renouvelé devrait prendre en charge différentes fonctions, comme un centre de gestion des matières résiduelles pour l’ensemble du territoire, considère la directrice du développement stratégique. Elle réclame que Chapais puisse participer à des changements organisationnels de l’organisme.

Le rôle de l’ARBJ

Une copie de cette résolution a été envoyée aux élus jamésiens, à plusieurs ministres et au Grand Conseil des Cris, mais a reçu peu de réponses un an plus tard, commente Mariève Bernier.
La ministre des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH), Andrée Laforêt, a répondu à la municipalité de Chapais que ses préoccupations seraient portées par l’Administration régionale Baie-James (ARBJ).
Cependant, le président de celle-ci et maire de Matagami, René Dubé, écrivait à Chapais en novembre 2020 « qu’il n’y aurait aucune consultation relative aux enjeux locaux touchant la redéfinition des compétences, enjeux et pouvoirs du GREIBJ ».
« L’ARBJ ne fait pas sa job et refuse d’écouter les enjeux locaux, déplore Mariève Bernier. On ne les sent pas dans une volonté de s’améliorer. […] Le directeur régional du MAMH [Philippe Boivin] n’écoute pas non plus, pourtant il connait nos enjeux. »

Changement de répartition?

Au GREIBJ, la porte-parole corrobore le fait que l’Entente a une durée de 10 ans : « Le gouvernement du Québec et les Cris vont devoir négocier son renouvellement. […] S’il y a une population plus grosse du côté des Cris, ils pourraient avoir plus de voix et plus de sièges. »
Cependant, elle n’a pas entendu les Cris exprimer un désir de changer le ratio du conseil; d’après elle, les pourparlers pour le renouvellement de l’Entente n’ont pas commencé. « On se donne quand même un an, un an et demi », dit-elle.

Une juste rétribution

Différents problèmes de la Ville de Chapais pourraient être réglés au sein du GREIBJ.
La ville souhaite que les secteurs de villégiature des lacs Cavan et Opémisca (qui sont sur des terres de catégorie III), et la source d’eau potable soient annexées à son territoire. Chapais fournit des services aux villégiateurs, mais n’est pas rétribuée correctement pour ceux-ci, car ils ne sont pas réputés être sur le territoire de Chapais. En outre, selon Mme Bernier, le GREIBJ aurait refusé à Chapais une aide financière pour le débarcadère du lac Opémisca et un pont sur la rivière Obatogamau.
Après des années de démarche de Chapais, le GREIBJ créait le comité paritaire Chapais-GREIBJ sur l’agrandissement de l’aire naturelle le 28 mars 2019, comité où siègent aussi des représentants d’Oujé-Bougoumou et de Waswanipi. Mais le comité ne s’est jamais réuni.

Un comité inactif

« Nous n’avons jamais reçu d’invitation de la Ville de Chapais pour participer à une première rencontre du comité », affirme la porte-parole du GREIBJ. Nous sommes disponibles pour une rencontre si la nouvelle mairesse veut continuer. »
Au contraire, Mme Bernier assure que plusieurs demandes de rencontre ont été envoyées au GREIBJ et sont restées sans réponse.
Le MAMH, le Grand Conseil des Cris et l’ARBJ n’étaient pas disponibles pour des entrevues.

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