Vers une foresterie crie

Les chefs Clarke Shecapio, Clarence Jolly, Curtis Bosum, Mandy Gull-Masty, Thomas Neeposh et Marcel Happyjack lors de la signature d'Aah Nuutaahtikwaaniwich Nisituhtimuwin.

Cinq communautés ont signé une entente de principe avec le gouvernement de la nation crie pour développer une industrie forestière crie.
L’entente de principe Aah Nuutaahtikwaaniwich Nisituhtimuwin a été signée par les chefs de Mistissini, Nemaska, Waskaganish, Oujé-Bougoumou et Waswanipi le 2 juin dernier, ainsi que par la grande cheffe de la nation crie, Mandy Gull-Masty. Ces communautés seraient celles qui subissent le plus d’impacts des activités forestières.
L’entente de principe a pour objectif d’améliorer l’employabilité et les occasions de contrat pour les Cris de la Baie-James et leurs entreprises, dans le contexte des allocations de bois associées à la Paix des Braves.
Une table du leadership cri de la foresterie facilitera la coopération et de la coordination entre les parties et sera orientée vers une pratique forestière en harmonie avec le mode de vie cri.

Un créneau à développer

L’Entente concernant une nouvelle relation entre le gouvernement du Québec et les Cris (Paix des Braves) garantit aux entreprises cries un volume annuel de trois cent cinquante mille mètres cubes de matière ligneuse dans les limites de la forêt commerciale d’Eeyou Istchee.
Mais ce volume est traité par des compagnies non cries selon le chef de Mistissini, Thomas Neeposh, un des signataires d’Aah Nuutaahtikwaaniwich Nisituhtimuwin.
« C’est un domaine très difficile. Je cours après les contrats », déplore David Neeposh, de Foresteries David Neeposh, qui dit être le seul chez les Cris à posséder de la machinerie comme une trancheuse ou une débusqueuse.
« Nous devons supporter plus de gens comme lui à s’impliquer, dans le transport, la sylviculture, etc. », commente le chef de Mistissini. Selon lui, les Cris doivent gagner de l’expérience dans les différents domaines associés à la foresterie.

Unité

Selon la grande cheffe Gull-Masty, les communautés travaillaient précédemment chacune de leur côté. La concertation et la cohésion permettront le développement d’un secteur économique sous-développé du côté d’Eeyou Istchee.
« En maintenant et en augmentant l’unité crie, a dit la cheffe lors de la cérémonie de signature, nous nous positionnons pour reprendre notre place légitime dans l’économie d’Eeyou Istchee. Nous construisons une stratégie à long terme pour la croissance de notre économie. Nos entrepreneurs cris veulent vraiment être impliqués dans le développement de la foresterie. Notre jeunesse peut regarder la foresterie comme un secteur prometteur et s’engager dans la formation et les opportunités d’emploi. »

Une mise à jour nécessaire

En entrevue avec La Sentinelle, Mme Gull-Masty explique qu’il n’y avait pas d’agenda en place pour une entente finale, que le travail débute pour déterminer les termes de références. Un plan économique doit être développé.
« Chaque communauté faisait son plan, dit-elle. On décide de travailler ensemble pour une approche qui soit vraiment de faire cree nation […] et pour qu’on voit quelles sont les opportunités, parce que nous sommes très impactés. C’est une grosse affaire pour nous, il n’y a pas de raison pour que nous ne soyons pas plus à la table. »
Les références à la Paix des Braves se multiplient dans le discours de la grande cheffe des Cris et de son homologue de Mistissini, Thomas Neeposh. Ni l’une ni l’autre ne songe pour autant à renégocier l’entente avec le Québec et Mme Gull-Masty souligne le rôle du Conseil Cris-Québec sur la foresterie.
« […] Il y a des préoccupations du côté cri, explique-t-elle néanmoins, comme une approche sur la forêt mixte, qui est très importante pour la vie sauvage. Il y a plusieurs éléments dont nous parlons avec Québec pour voir ce qui a besoin d’être refait et quelles sont les choses que nous priorisons pour avancer dans ce dossier. »
« Ce n’est pas que ça [la Paix des Braves] soit mauvaise, considère Thomas Neeposh, […] mais nous avons besoin de faire mieux. […] Nous espérons être entendus au niveau du gouvernement et de l’industrie. »
Les deux chefs, sans apporter de précisions, ajoutent qu’il y a des dispositions précisées dans la Paix des Braves qui restent à mettre en place.

Entente avec Chantiers Chibougamau

Avec ce dernier secteur, la Première Nation de Mistissini semble avoir établi un dialogue fructueux. Elle travaille depuis presque trois ans avec Chantiers Chibougamau à un projet de coentreprise de fabrication de maisons préfabriques à Mistissini.
« Nous allons construire des maisons pour Mistissini, les communautés cries et les gens intéressés ailleurs au Québec, annonce le chef Neeposh. […] Nous avons finalisé le plan d’affaires, nous avons quelques ententes à conclure, et ensuite on va commencer à chercher des investissements. Si on ne commence pas cette année, ce sera l’an prochain. »

(Grand Conseil des Cris)

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