Votre Histoire

En ces temps difficiles, je n’ai pas envie de vous parler de la « grande » histoire. J’ai envie qu’on parle de vous, de moi. Profitons du confinement pour explorer notre histoire.

Il y a de ces personnes dont le parcours ne passera jamais à l’Histoire. Non parce que leurs vies sont ennuyeuses ou qu’elles ne sont pas dignes d’intérêt. Simplement parce que ce sont des gens « ordinaires », comme vous, comme moi, comme nos grands-parents. Des gens qui ont vécu, travaillé, traversé des moments difficiles, des moments heureux, ont aimé et ont été aimés. Des gens qui ont eu une existence à la fois unique et semblable à celle des autres.

* * *

À 14 ans, je me suis mise à questionner mes grands-parents sur leur jeunesse. Pour le plaisir. Mon grand-père est né en 1918, ma grand-mère en 1926. Quinze ans plus tard, c’est avec émotion que je relis les notes que j’avais prises à l’époque.

Mon grand-père me parlait de sa propre grand-mère : aimée, joueuse, rieuse, farceuse. Il me parlait d’une femme née en 1840. Il me parlait de son service militaire en 1940. Ma grand-mère me parlait de ses jeux d’enfants, de son école, de cette détestable tante religieuse. Elle me laissait les notes qu’elle avait prises pour se souvenir de ses 13 accouchements. Grâce à celles-ci je sais que mon père est né à la maison, dans la chambre du milieu. Qu’il chantait tous les soirs en allant se coucher.

Votre défi, si vous l’acceptez

Ce genre de souvenir ne passera pas à l’histoire. Ce sont pourtant de touchants témoignages sur la vie des gens « ordinaires ». En ces temps de confinement, je vous propose de plonger à travers l’histoire de vos familles. Votre histoire. D’explorer ces brides du passé, ces souvenirs qui sont parfois les seules traces de ceux qui ont vécu simplement.

Je vous propose de prendre le téléphone, d’ouvrir les boites à souvenirs, de sortir les vieilles photos. Seul-e, en famille, avec vos enfants. Appelez vos parents, vos grands-parents. Profitons de nos vies mises sur pause pour prendre le temps d’explorer cette histoire du quotidien. Cette histoire qui fait du bien et qui brise l’isolement.

L’enquête

Si prendre le téléphone est une chose bien simple, il serait bien de conserver des traces de cette démarche. Voici quelques conseils pour l’enquêteur amateur.

D’abord, quelques suggestions de sujets à aborder avec vos parents et grands-parents.

  • Parler de ses parents, de ses grands-parents. Quel genre de personnes étaient ces gens qui nous ont précédés ? Où vivaient-t-ils et que faisaient-ils? Combien de frères, de sœurs, d’enfants avaient-ils ?

 

  • Parler de sa jeunesse. L’école, les amis, les jeux préférés.

 

  • Parler d’amour. Ont-ils eu des petits chums, des petites blondes ? Comment ont-ils connu leur conjoint ou conjointe? Comment se passaient les fréquentations, la vie de couple ?

 

  • Parler des enfants. Combien en voulaient-ils ? Les naissances se passaient où ? Qui était présent lors de ces évènements? Aviez-vous une idée de ce qui vous attendait ?

 

  • Parler du bonheur. Les beaux moments, les fiertés, les moments marquants.

 

Ressortir les vieilles photos et les regarder en famille. Explorer le passé, apprendre à reconnaitre des visages, faire remonter les anecdotes ou les évènements marquants de la famille.

Considérer les archives écrites. Certaines personnes conservent les correspondances anciennes, tiennent un journal ou couchent sur papier les évènements marquants de leur vie. Poser des questions, vous pourriez être surpris. Vos proches seront peut-être heureux de partager avec vous leur petit carnet.

Vous pouvez comparer les témoignages récoltés avec les recherches historiques existantes. Se renseigner sur le Québec de l’époque, sur la vie des femmes ou encore sur l’histoire du village. Cela permet de soulever de nouvelles questions ou de mieux comprendre la vie à l’époque de vos proches.

Protéger cette histoire            

Au moment de questionner vos parents et grands-parents, il est bon de prendre des notes ! Transcrivez précisément ces souvenirs, vous serez agréablement surpris ou surprise dans 10 ans. Vous pouvez dresser un petit arbre généalogique pour vous aider à éclaircir les liens entre les personnes évoquées si on vous parle de périodes anciennes.

Si, à travers cette petite enquête, vous amassez des petits trésors d’archives, il serait bon de prendre quelques précautions pour les conserver. Les vieux papiers, carnets et vieilles photos devraient être conservés dans un endroit sombre et sec. Les photos en noir et blanc ont tendance à blanchir avec le temps et l’exposition à la lumière. Les garder dans des enveloppes en papier, dans une boite fermée, en carton ou en bois peuvent vous aider à préserver vos trésors. Les numériser peut aussi être une bonne manière d’en préserver une copie, tout en les partageant avec votre famille élargie.

Les sociétés d’histoire et centres d’archives

Finalement pour des conseils sur la conservation de vos documents anciens vous pouvez vous référer aux sociétés d’histoire régionale. Elles ont aussi des bibliothèques vous permettant de pousser plus loin la recherche. Certaines sociétés peuvent être intéressées à conserver certaines de vos archives familiales. Vos documents seraient protégés et pourraient contribuer aux recherches scientifiques et amateures. Vos histoires familiales pourraient un jour contribuer à reconstituer la grande histoire des gens « ordinaires ».

 

Pour me contacter : MC.Duchesne@outlook.com

Pour lire des témoignages d’ainés du XIXe siècle : Revue Saguenayensia. « Mémoires de vieillards – des archives vivantes », automne 2019.

  • Votre société d’histoire : Société d’histoire régionale de Chibougamau. shrcnq.com ;
  • Bibliothèque et Archives nationales du Québec. banq.qc.ca
  • Bibliothèque et Archives Canada. bac-lac.gc.ca
  • Voir aussi les sociétés du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de l’Abitibi-Témiscamingue :

Société d’histoire de Saint-Félicien ; Société historique du Saguenay ; Société d’histoire et de généalogie Maria-Chapdelaine (Dolbeau) ; Société d’histoire Domaine-du-Roy (Roberval).

Société d’histoire de Rouyn-Noranda ; Société d’histoire et de généalogie de Val-d’Or ; Société d’histoire du patrimoine de la région de La Sarre ; Société d’histoire du Témiscamingue ; Société d’histoire de Senneterre.

Facebook
Twitter
LinkedIn
Imprimer

ARTICLES SUGGÉRÉS